Motocyclisme: L'invité de mauvaise surprise

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MotocyclismeL'invité de mauvaise surprise

Les répétitions générales avaient été ce qu'elles doivent être: réussies pour certains, plus compliquées pour d'autres. C'était avant l'arrivée du coronavirus

Ils ont travaillé tout l'hiver. Le printemps étant arrivé, ils étaient prêts. Des réserves de bonnes énergies accumulées, des découvertes techniques, quelques petits bobos, certes, mais surtout une immense envie: que tout cela commence. Raté! Dimanche, le GP du Qatar ne connaîtra que deux courses, celle des Moto3 et des Moto2. Le GP de Thaïlande, programmé deux semaines plus tard, a été renvoyé à des jours meilleurs. En attendant d'autres décisions. Moment particulier qui fait le nid de tous les scénarii. On passera outre les théories des adeptes du complot perpétuel – «à qui profite ces renvois, si ce n'est à Marc Marquez, encore diminué par son opération d'une épaule et aux prises avec une Honda 2020 pas encore 100% au point ?» - pour se pencher sur la réalité. Ou ce qu'on en sait à cette heure. Car dans le feuilleton Coronavirus, la vérité du moment ne veut plus dire grand-chose quelques instants plus tard.

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LES TEAMS MOTO2 ET MOTO3 SONT-ILS «SACRIFIÉS»?

NON. Les derniers tests d'avant-saison se sont déroulés ces deux dernières semaines sur le circuit de Losail. D'abord avec les équipes MotoGP – du samedi 22 au lundi 24 février -, puis avec les deux autres classes – du vendredi 28 février au dimanche 1er mars. Corollaire: le travail accompli, même si une grande partie du matériel MotoGP est resté au Qatar, la majorité des membres des équipes et tous les pilotes de la catégorie-reine sont rentrés en Europe. Or, le Gouvernement qatari, face à l'épidémie, a d'abord annoncé que tous les passagers des vols directs depuis le Japon et l'Italie seraient contrôlés à leur arrivée à Doha. Deux jours plus tard, les mêmes autorités sanitaires sont allées plus loin, en précisant que tous les détenteurs d'un passeport japonais et/ou italien seraient immédiatement placés en quarantaine pour une durée d'au minimum 14 jours. Il devenait dès lors impossible de prévoir une course MotoGP en cette fin de semaine, la majorité des équipes étant basées en Italie et celles qui ne le sont pas – le team Repsol-Honda, le team Avintia, le team Petronas-Yamaha et le team officiel KTM – ayant des techniciens et/ou d'autres collaborateurs italiens et japonais. Et les classes «secondaires», alors? Simple: comme les équipes Moto3 et Moto2 sont arrivées au Qatar avant les limitations imposées et qu'elles y sont restées pour les quelques jours qui nous séparent du premier GP, le problème ne se posait pas pour elles.

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QUEL SERA LE PROGRAMME DE CE «MINI-GP»?

Dimanche, Jason Dupasquier et ses copains de la classe Moto3 prendront le départ à 14h20, heure suisse. A 16 heures (18h, à Doha), ce sera au tour de Thomas Lüthi, Jesko Raffin et les autres cracks de la Moto2. Les essais se dérouleront selon le schéma «normal», deux séances libres de 40 minutes vendredi (11h25 et 15h05 pour le Moto3; 12h20 et 16h pour le Moto2), une troisième séance libre samedi (respectivement 10h55 et 11h50), avant les qualifications en deux phases de 15 minutes samedi après-midi (15h05 et 15h30 pour le Moto3 ; 16h et 16h25 pour le Moto2).

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POURQUOI LE RENVOI DU GP DE THAÏLANDE?

Deuxième épreuve programmée du championnat du monde 2020, le GP de Thaïlande, prévu à Buriram le 22 mars a été remis à plus tard, sur une décision des autorités thaï qui avouent logiquement avoir d'autres priorités actuellement. Aller dans un pays considéré «à risques» ne devenait plus possible. Problème: quand reprogrammer cette course, dans un calendrier toujours plus rempli? C'est le casse-tête actuel des dirigeants du championnat du monde, Dorna au niveau commercial – des centaines de millions sont en jeu – et la Fédération internationale au niveau politique.

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QUELLES SUITES REDOUTER?

On entre là dans le domaine des supputations. Qui vont bon train, dans le monde globalisé qui est le nôtre. Dans deux semaines, c'est le mondial Superbike qui devait faire halte au Qatar; la présence italienne y étant autant, si ce n'est plus importante qu'en MotoGP, on devine que là aussi, des renvois (ou annulations) sont possibles. Étape suivante, le 5 avril? Les États-Unis, où la maladie aurait fait sa première victime. Va-t-on là aussi rendre plus hermétiques les frontières? Ensuite, ce sera l'Argentine, le 19 avril, un pays qui doit également accueillir le 22 mars le GP de motocross. Or, ce week-end dans le paddock de Matterley Basin, en Grande-Bretagne, lors de l'ouverture du mondial de cross, on a beaucoup causé: «La course du week-end prochain, à Valkenswaard (Pays-Bas) est remise en question et certains croyaient savoir que l'Argentine était prête à son tour à fermer ses frontières pour les gens venant d'Europe et d'Asie», expliquait lundi matin le Vulliérain Valentin Guillod.

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ROSSI: «QUAND VA-T-ON ROULER?»

Alors que la vie se poursuit normalement pour les équipes Moto3 et Moto2, déjà au Qatar, les stars de la moto se posent des questions: «Après un hiver d'entraînement, nous étions prêts pour commencer la saison. Physiquement et psychologiquement. Désormais, nous ne savons pas quand nous allons rouler; le renvoi du GP de Thaïlande me fait penser que cette pause forcée pourrait durer. J'espère vraiment que la situation va rapidement s'améliorer», explique ainsi Valentino Rossi. A suivre...

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