KoweïtL'Irak cherche 88 milliards pour se reconstruire
Le pays, ravagé par des années de guerre, a besoin d'argent pour se remettre sur pied et fait l'objet d'une conférence internationale au Koweït.

La ville de Mossoul a été particulièrement frappée par les guerres.
L'Irak cherche à récolter 88 milliards de dollars pour se reconstruire, un chantier titanesque entamé lundi avec l'ouverture d'une conférence internationale à Koweït. Le pays a été ravagé par des années de guerre, dont les trois dernières contre le groupe Etat islamique (EI).
Pendant trois jours, des centaines de responsables politiques, d'ONG et d'hommes d'affaires doivent participer à cette conférence. Bagdad mise notamment sur le secteur privé pour lever des fonds au plus vite.
Mais la reconstruction du pays, deuxième producteur de pétrole de l'OPEP, s'annonce longue et difficile. «Nous estimons que les besoins totaux de reconstruction en Irak s'élèvent à 88,2 milliards de dollars (82,8 milliards de francs)», a déclaré le ministre irakien de la Planification, Salmane al-Joumeili, à l'ouverture de la conférence.
«Reconstruire les services publics»
Ces fonds «serviront d'abord à réhabiliter les personnes déplacées et reconstruire les services publics», a-t-il ensuite précisé. Selon Qusai Abdelfattah, directeur général au sein du ministère de la Planification, 22 milliards de dollars de ces fonds sont nécessaires de façon urgente, et le reste à moyen terme.
A Bagdad, la Commission nationale pour l'investissement a publié vendredi dernier une liste de 157 projets pour lesquels l'Irak dit avoir besoin d'un financement extérieur. Seize de ces projets, parmi lesquels la reconstruction de l'aéroport de Mossoul, ont un coût supérieur à 500 millions de dollars.
«Nous avons lancé des programmes de reconstruction (...) mais ce que nous avons accompli est inférieur à 1% de ce dont l'Irak a besoin», s'est alarmé Mustafa al-Hiti, président du fonds de reconstruction pour les zones touchées par les combats contre l'EI. «Plus de 138'000 maisons sont endommagées, dont la moitié sont complètement détruites», a-t-il souligné.
Retour des déplacés
Outre les destructions matérielles, l'Irak fait face à une grave crise humanitaire, avec 2,5 millions de déplacés. La conférence de Koweït doit ainsi permettre de financer leur retour «volontaire», estime le Haut Commissariat de l'ONU pour les Réfugiés (HCR).
«Si les combats à grande échelle sont terminés (...), les stigmates demeurent dans tout le pays: les villes ont été durement endommagées, les communautés ont été disséminées et une génération d'enfants risque d'être perdue», a rappelé Bruno Geddo, représentant de cette organisation en Irak.
L'Unicef et ONU-Habitat ont pour leur part appelé à des investissements urgents pour restaurer les infrastructures et les services de base à destination des familles irakiennes. «La violence (...) a détruit la vie de millions de personnes, laissant un enfant sur quatre dans la pauvreté», ont-elles insisté.
De son côté, l'OMS appelle la communauté internationale à «investir dans le secteur de la santé qui est dévasté», a indiqué Altaf Musani, son représentant en Irak. Dès lundi, des ONG - en majorité koweïtiennes - ont annoncé une levée de fonds pour soutenir les opérations humanitaires de plus de 330 millions de dollars, dont 130 du Comité international de la Croix-Rouge (CICR).
Pas de contribution américaine
Mardi, la conférence fera une large place au secteur privé, tandis que le troisième jour sera consacré à l'annonce par les Etats participants du montant de leurs contributions financières.
La Suisse y sera représentée par son ambassadeur au Koweït, Aldo de Luca. Elle s'est déjà engagée, dans le contexte humanitaire, pour une somme de 10 millions de dollars en 2018, a indiqué à l'ats le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE).
Les autorités américaines ont elles annoncé que les Etats-Unis, qui dirigent la coalition contre l'EI, ne contribueraient pas financièrement à la reconstruction du pays.