Éducation: L'italien, la langue ignorée par l'école

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ÉducationL'italien, la langue ignorée par l'école

En plein débat sur le français à l'école, le ministre de l'Éducation tessinois rappelle qu'une troisième langue nationale existe, mais qu'on a trop tendance à l'oublier.

Stéphanie Billeter
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Stéphanie Billeter
A côté de l'allemand et du français, l'italien revendique son importance et sa légitimité.

A côté de l'allemand et du français, l'italien revendique son importance et sa légitimité.

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Souvenir d'une semaine d'études, direction Venise. Dans le train, une partie de la classe entonne à tue-tête «Lasciatemi cantare con la chitarra in mano». L'italien en chœur, une langue que le ministre tessinois de l'Education, Manuele Bertoli (PS), défendait hier con le unghie e con i denti (bec et ongles) dans la Schweiz am Sonntag, en plein débat sur la deuxième langue à enseigner à l'école obligatoire. «La Suisse n'est pas bilingue», s'est-il exclamé, ajoutant que «beaucoup semblent l'oublier».

Jusqu'à présent, la polémique a principalement porté sur l'enseignement du français, que plusieurs cantons alémaniques, Thurgovie en tête, veulent supprimer au profit de l'anglais. Alors que l'enseignement est de la compétence de chaque canton, rappelons que le Conseil fédéral s'est manifesté mercredi dernier par la voix d'Alain Berset. Son message est clair, le français est obligatoire. Sauf que. Sauf que le Tessin, d'un coup, se sent ignoré.

S'il modère ses propos en admettant que l'italien ne peut être rendu obligatoire dans toutes les écoles, Manuele Bertoli insiste cependant pour que «tous les cantons proposent l'italien dans les écoles primaires et secondaires, tout au moins de manière facultative». Selon un rapport de 2013 de la Conférence suisse des directeurs cantonaux de l'Instruction publique (CDIP), six écoles sur sept enseignent l'italien en Suisse alémanique en matière principale ou en option, mais, dans la plupart des régions, il faut attendre la huitième ou la neuvième année pour que la langue de Dante soit incorporée au programme. A l'instar donc d'Alain Berset, qui plaide pour une homogénéité, Manuele Bertoli veut que la troisième langue nationale soit reconnue comme telle.

Grand défenseur du plurilinguisme, le conseiller national Mathias Reynard (PS/VS) admet que «de manière générale on n'en fait pas assez pour les langues du pays et qu'il ne faut pas oublier l'italien».

L'allemand, puis l'anglais

En cela, il soutient les propos de Manuele Bertoli, sans s'emballer pour autant: «Si on prend la Suisse romande, le système actuel pour l'école obligatoire me semble le meilleur, d'abord l'allemand, puis l'anglais. Mais, dès que l'on en sort, que ce soit en apprentissage, en école professionnelle ou au gymnase, c'est là que l'on se doit de soutenir l'enseignement de l'italien.» De fait, ce n'est pas encore lors des courses d'école que des écoliers de primaire enchantés reprendront en chœur «Perché ne sono fiero».

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