Immigration de masse: L'ombre du Brexit plane sur Berne

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Immigration de masseL'ombre du Brexit plane sur Berne

Le Brexit est susceptible d'affecter les négociations entre Bruxelles et Berne. Plusieurs scénarios sont à envisager.

Le dossier helvétique risque d'être relégué au second plan.

Le dossier helvétique risque d'être relégué au second plan.

Illustration, Keystone

Suite à la remise de la lettre de sortie de la Grande-Bretagne à l'Union européenne (UE), Bruxelles va focaliser son énergie sur les négociations avec Londres. Les relations entre l'UE et la Suisse pourraient en être affectées.

La Suisse a gardé en mémoire la réaction de l'UE en 2016 à l'annonce du référendum sur le Brexit. Bruxelles avait alors gelé les pourparlers avec la Confédération sur la mise en oeuvre de l'initiative sur l'immigration de masse. Elle craignait de créer un précédent qui profiterait à Londres.

La suite est connue: le Parlement a finalement adapté lui-même l'initiative dans le cadre des traités existants. La relation entre l'UE et la Suisse est ainsi parvenue à une certaine normalisation. Les deux parties parlaient d'une «dynamique positive».

Les dossiers qui n'avancent pas devraient être débloqués et connaître des développements positifs, selon Bruxelles. Ainsi, l'accord-cadre institutionnel, les paiements de la Suisse au «milliard de cohésion» et la mise en oeuvre de l'initiative sur l'immigration de masse devrait être au programme des négociations.

Nouvelles tensions

Le Brexit pourrait toutefois être source de nouvelles tensions. Une partie importante des ressources humaines à Bruxelles se concentrera sur le cas de Londres. La Suisse risque donc d'être reléguée au second plan. Mais il reste encore une petite fenêtre d'opportunité.

Pour traiter avec Londres, l'UE doit d'abord définir le mandat de négociation. Par conséquent, les pourparlers ne devraient pas commencer avant fin mai ou début juin. La Suisse pourrait profiter de ce temps de latence pour faire avancer ses dossiers. Mais le Brexit est susceptible d'affecter les négociations entre Bruxelles et Berne. La Première ministre britannique Theresa May a déjà clairement fait savoir qu'elle veut un «Brexit dur». Cela signifie une rupture avec le marché intérieur de l'UE. Londres veut donc d'un modèle différent de celui de la Suisse et des accords bilatéraux, dont certains permettent d'accéder au marché intérieur de l'UE.

Risque de créer un précédent

S'il n'est pas encore tout à fait clair que Londres souhaite réellement un «Brexit dur», la question se pose de savoir si l'UE va prendre une position plus dure envers la Suisse. Comme en 2016, l'UE ne voudra probablement pas prendre le risque de créer un précédent pour Londres.

La possibilité pour la Suisse de bénéficier ou non du Brexit va principalement dépendre de la façon dont les Britanniques et l'UE vont définir leurs futures relations. Mais cela est encore flou. Le futur développement de l'UE pourrait offrir des avantages à la Suisse. La décision de sortie des Britanniques a poussé les 27 Etats restants à repenser l'avenir de leur relation.

Le modèle à «plusieurs vitesses»

La question du modèle «à plusieurs vitesses» est en discussion à Bruxelles. Cela permettrait aux pays de l'UE de collaborer plus étroitement dans certains domaines - comme aujourd'hui avec l'euro ou l'espace Schengen. Les pays moins intégrés pourraient donc à l'avenir obtenir une plus grande liberté dans la gestion de certains dossiers comme celui de la libre circulation des personnes.

L'affaiblissement de l'UE suite au départ de la Grande-Bretagne aura certainement un impact négatif sur la Suisse. Une Union forte offrait une relative stabilité politique à l'Europe, dont l'économie suisse bénéficiait.

L'UE perd avec le Brexit un pays avec un sens géostratégique prononcé. Enfin, Londres, avec Berlin et Vienne, avait mis à l'ordre du jour des dirigeants de l'UE la question des tensions politiques dans les Balkans. L'intérêt de tous les Etats européens est d'éviter un nouveau conflit armé dans cette région.

(ats)

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