Droits humainsL'ONU prend la défense des journalistes et des paysans
Le Conseil des droits de l'homme a condamné jeudi à Genève les attaques dont les journalistes sont les victimes et a demandé aux Etats d'enquêter de manière impartiale. L'organe de l'ONU a aussi décidé d'élaborer une déclaration renforçant les droits des paysans.

Journalistes et paysans défendus par l'ONU.
Le Conseil des droits de l'homme doit adopter 31 résolutions d'ici la fin de sa session vendredi, dont une, qui doit être examinée vendredi, prolongeant et renforçant la commission d'enquête internationale sur la Syrie.
La Suisse, l'Autriche, le Brésil, le Maroc et la Tunisie ont préparé le document sur la sécurité des journalistes qui a obtenu le soutien de plus de 70 Etats de tous les groupes régionaux.
La résolution «condamne dans les termes les plus fermes toutes les attaques et les violences contre les journalistes, dont les tortures, exécutions sommaires, disparitions, détentions arbitraires, actes de harcèlement». Selon les ONG, jamais autant de journalistes n'ont été tués que cette année, en raison du conflit en Syrie.
Lutter contre l'impunité
Le document exhorte les Etats à respecter le droit international dans les zones de conflit armé et à faciliter l'accès des médias. Il invite les gouvernements à lutter contre l'impunité en menant des enquêtes impartiales et rapides et en traduisant les responsables en justice.
Les Etats doivent «promouvoir un environnement sûr pour que les journalistes puissent travailler en toute indépendance et sans interférence». Ils doivent prendre des mesures législatives et renforcer la sensibilisation des organes judiciaires, de police et militaires à la sécurité des journalistes, répertorier les attaques, les condamner publiquement et consacrer des ressources pour poursuivre leurs auteurs.
La résolution demande au Haut Commissariat aux droits de l'homme en collaboration avec le rapporteur de l'ONU sur la liberté d'expression Frank La Rue de faire une étude d'ici un an sur les meilleures pratiques pour protéger les journalistes, prévenir les attaques et combattre l'impunité.
Droits des paysans: la Suisse s'abstient
Le Conseil des droits de l'homme a aussi demandé la mise en place d'un groupe de travail pour élaborer une déclaration sur les droits des paysans. La résolution controversée a été adoptée par 23 votes pour, neuf voix contre et 15 abstentions, dont celle de la Suisse.
Les Etats-Unis et l'Union européenne (UE) se sont opposés au texte présenté par la Bolivie avec le soutien de l'Afrique du Sud, de Cuba et de l'Equateur. Le délégué américain a affirmé que l'élaboration d'une déclaration est prématurée, alors que le représentant de l'UE a estimé que le processus de négociation n'est pas assez bien préparé.
En Suisse, Uniterre, la coopérative Longo Maï, Swissaid, Pain pour le prochain, Action de Carême, FIAN Suisse, le CETIM notamment ont soutenu l'élaboration d'une déclaration sur les droits des paysans. Ces ONG se sont mobilisées ces derniers mois pour que la Suisse, opposée à l'origine au projet, se rallie à cette initiative.
La Suisse s'est finalement abstenue lors du vote. Ont voté contre l'Autriche, la Belgique, la République tchèque, la Hongrie, l'Italie, la Pologne, la Roumanie, l'Espagne et les Etats-Unis.
Le texte s'alarme du fait que 80% des personnes souffrant de la faim dans le monde vivent dans des zones rurales et que 50% sont des petits paysans particulièrement vulnérables à l'insécurité alimentaire. Le groupe de travail devra présenter ses conclusions au Conseil des droits de l'homme en juin 2014.