Droits humainsL'ONU réagit aux atrocités de l'EI et de Boko Haram
Le Conseil des droits de l'homme a convoqué une session spéciale sur les atrocités commises par les terroristes du groupe Etat islamique et de Boko Haram.

Le Conseil des droits de l'homme a convoqué une session spéciale à Genève sur les violences commises par le groupe terroriste Boko Haram au Nigeria. L'organe de l'ONU a par ailleurs condamné les atrocités de l'Etat islamique (EI).
Après quatre semaines de travaux, le Conseil des droits de l'homme a convoqué une session spéciale sur les violences commises par le groupe terroriste Boko Haram au Nigeria. L'organe de l'ONU a par ailleurs notamment condamné les atrocités de l'Etat islamique (EI).
La session spéciale sur Boko Haram aura lieu mercredi. L'Algérie en a fait la demande au nom du groupe africain et a obtenu jusqu'ici le soutien de 20 pays, suffisant pour la convocation de la réunion.
«Les atrocités horribles commises par Boko Haram nécessitaient une action immédiate», s'est félicité vendredi le président du Conseil, l'ambassadeur d'Allemagne Joachim Ruecker. L'ONU devrait demander à cette occasion une enquête du Haut Commissariat.
Boko Haram a été à l'origine de multiples exactions dans le nord-est du Nigeria. Elles ont déplacé au total 1,5 million de personnes et poussé plus de 200'000 civils à fuir la région dans les pays voisins.
Record de durée
Le Conseil a renouvelé pour un an le mandat de la commission d'enquête sur la Syrie. La résolution a été adoptée par 29 voix pour, six contre (Algérie, Bolivie, Chine, Cuba, Russie et Venezuela) et 12 abstentions.
Le texte demande à la commission d'enquête présidée par Paulo Pinheiro de poursuivre son travail pendant une année supplémentaire. Créée en août 2011, la commission d'enquête bat ainsi un record absolu de durée. L'ex-procureure tessinoise du TPIY Carla Del Ponte en fait partie.
Condamnation de l'EI
La résolution «condamne dans les termes les plus forts les actes terroristes commis par l'organisation qui se fait appeler Etat islamique d'Irak et du Levant (Daech), son idéologie extrémiste violente, ses atteintes flagrantes, systématiques et généralisées» aux droits de l'homme et au droit humanitaire.
Elle condamne aussi fermement l'utilisation d'armes chimiques par les autorités de Damas, y compris l'utilisation répétée de gaz de chlore. Elle considère que cette utilisation viole la Convention d'interdiction des armes chimiques.
Les exactions commises par l'EI en Irak ont aussi été condamnées par l'ONU. En outre, le Conseil a décidé de l'envoi d'une mission d'enquête en Libye pour documenter les abus perpétrés depuis le début de 2014.
Droit à la vie privée
La Suisse a en particulier salué la création d'un poste de rapporteur sur le droit à la vie privée, au terme d'un processus qu'elle soutient depuis trois ans, a précisé le Département fédéral des Affaires étrangères (DFAE). Le Conseil a aussi créé un mandat d'expert indépendant sur l'albinisme.
L'Egypte a fait adopter par 25 voix contre 16 et dix abstentions un texte sur les effets du terrorisme sur la jouissance des droits de l'homme et des libertés qui a soulevé de vives critiques de la part des ONG et des pays occidentaux. Les ONG redoutent que ce texte soit utilisé pour criminaliser toute opposition.
Liberté d'expression
La dispute tant redoutée sur le blasphème et la liberté d'expression n'a pas eu lieu. Le Pakistan au nom de l'Organisation de la conférence islamique (OCI) a en effet présenté une résolution dénonçant la montée de l'intolérance religieuse et des stéréotypes négatifs, sans allusion explicite à l'islamophobie. L'Union européenne a soutenu ce texte.
Le Conseil a décidé de proroger d'un an les mandats des rapporteurs sur l'Iran, par 20 voix contre 11 et 16 abstentions, et sur la Corée du Nord, par 27 voix contre six (Bolivie, Chine, Cuba, Russie, Venezuela et Vietnam) et 14 abstentions. Il s'est aussi inquiété de la situation de la minorité musulmane des Rohingyas en Birmanie, au grand dam du représentant de Rangoon.
Représailles inacceptables
Depuis le 2 mars, 92 ministres ou vice-ministres ont participé à la session. Le président du Conseil s'est inquiété de menaces de représailles à l'égard de membres d'ONG venues à Genève.
«C'est inacceptable», a dit l'ambassadeur allemand. Il a indiqué à la presse qu'il va suivre personnellement chacun de ces cas. «Sans la participation de la société civile, les débats de Genève n'auraient pas d'impact sur le terrain», a-t-il fait remarquer.
La session a aussi été marquée par les débats sur la réforme du Haut Commissariat. Celui-ci doit revoir en profondeur son organisation.