Publié

CRISE POLITIQUEL'opposition ukrainienne appelle Berlin à l'aide

L'opposition au gouvernement de Viktor Ianoukovitch a demandé à Angela Merkel une aide financière et des sanctions contre l'entourage du président.

1 / 128
L'opposante Ioulia Timochenko a déclaré dimanche qu'elle n'était pas intéressée par le poste de Premier ministre. (23 février 2014)

L'opposante Ioulia Timochenko a déclaré dimanche qu'elle n'était pas intéressée par le poste de Premier ministre. (23 février 2014)

Keystone
Le clan du président déchu Ianoukovitch (photo) est visé par deux mandats d'arrêts, un contre l'ex-ministre ukrainien des Revenus Oleksander Klimenko et un autre à l'encontre de l'ex-procureur général Viktor Pchonka. (23 février 2014)

Le clan du président déchu Ianoukovitch (photo) est visé par deux mandats d'arrêts, un contre l'ex-ministre ukrainien des Revenus Oleksander Klimenko et un autre à l'encontre de l'ex-procureur général Viktor Pchonka. (23 février 2014)

Keystone
Le président du Parlement Olexandre Tourtchinov devient président de l'Ukraine par intérim, en remplacement de Viktor Ianoukovitch, destitué samedi (23 février 2014).

Le président du Parlement Olexandre Tourtchinov devient président de l'Ukraine par intérim, en remplacement de Viktor Ianoukovitch, destitué samedi (23 février 2014).

Keystone

L'opposition ukrainienne a demandé lundi à Berlin à Angela Merkel une aide financière et des sanctions contre l'entourage du président Viktor Ianoukovitch, à la veille de l'examen au Parlement d'une réforme constitutionnelle réduisant les pouvoirs présidentiels pour sortir de la crise.

«Je pense que l'Union européenne et l'Allemagne ont des mécanismes pour introduire des sanctions», a déclaré lors d'une rencontre avec la chancelière allemande Vitali Klitschko, l'un des leaders de l'opposition ukrainienne et ancien champion du monde de boxe poids-lourds, qui a remporté la plupart de ses victoires en Allemagne, où il est très populaire.

«Dans le cadre des directives de l'UE»

«Il faudrait vérifier l'origine des revenus de Ianoukovitch et de ses proches ainsi que des oligarques qui soutiennent le régime. Toutes les transactions suspectes doivent être bloquées dans le cadre des directives de l'UE concernant le blanchiment d'argent», a-t-il ajouté, selon un communiqué de son parti Oudar (Coup).

Vitali Klitschko et Arseni Iatseniouk, allié de l'opposante emprisonnée Ioulia Timochenko ont été reçus lundi par Angela Merkel au moment où l'Ukraine, théâtre d'une contestation sans précédent depuis près de trois mois traverse une grave crise politique. Née de la volte-face du pouvoir ukrainien fin novembre sur un accord d'association avec l'Union européenne au profit de la Russie, la contestation pro-européenne s'est transformée en un rejet du régime de Viktor Ianoukovitch.

Un scrutin anticipé

Ni la démission du gouvernement fin janvier, ni les négociations n'ont réglé le conflit, marqué par des affrontements qui ont fait quatre morts et plus de 500 blessés.

Vitali Klitschko, qui affiche des ambitions présidentielles et réclame un scrutin anticipé, a par ailleurs souligné à Berlin que la pression occidentale sur le président Ianoukovitch devait aller de pair avec «un programme positif pour le peuple ukrainien», prévoyant une aide financière et la suppression ou l'allègement du régime de visa avec l'Europe.

Peu après la rencontre à Berlin, la Russie a annoncé qu'elle comptait verser «cette semaine» 2 milliards de dollars à l'Ukraine, en manque de liquidités et au bord d'un défaut de paiement.

Aide financière à l'Ukraine

La Russie qui a poussé Kiev à renoncer à un rapprochement avec l'UE a octroyé en décembre un crédit de 15 milliards de dollars dont 3 milliards ont été déjà versés et un important rabais du prix du gaz.

Les Occidentaux ont également dit préparer une aide financière à l'Ukraine, sans en préciser le montant. La visite des opposants à Berlin intervient à la veille de la reprise des travaux au Parlement qui devrait débattre d'une réforme constitutionnelle exigée par l'opposition qui veut réduire les pouvoirs présidentiels au profit du Parlement et du gouvernement.

Selon son entourage, le président Ianoukovitch pourrait aussi présenter dès mardi un nouveau Premier ministre dont la nomination est attendue tant par Moscou que par Bruxelles.

Manifestation mardi matin

L'opposition a d'ores et déjà appelé à une manifestation mardi matin devant le Parlement dans le cadre d'une «offensive pacifique». Les militants du Secteur droit, groupe d'extrême-droite à l'origine de jets de pavés et de cocktails molotov contre les policiers anti-émeutes fin janvier ont aussi annoncé une «mobilisation» pour mardi de leurs partisans.

Dans la matinée, un certain apaisement semblait être revenu à Kiev avec l'entrée en vigueur de la loi d'amnistie pour les manifestants poursuivis, au lendemain de l'évacuation de la mairie de Kiev, lieu symbolique de la contestation ukrainienne.

«Je garantis qu'au cours du mois à venir après l'entrée en vigueur de la loi, toutes les enquêtes seront closes», a déclaré le procureur général Viktor Pchonka.

La pression de la rue

Les 234 manifestants arrêtés, qui ont été libérés, sont pour nombre d'entre eux assignés à résidence et encourent toujours de lourdes peines pouvant aller jusqu'à 15 ans de prison.

L'évacuation de la mairie de Kiev et d'autres bâtiments publics en province était un préalable à l'application de cette loi. Les manifestants occupent toujours le Maïdan, place centrale de Kiev entourée de barricades et où leur camp de tentes est maintenu.

Ils sont aussi présents dans plusieurs bâtiments, notamment la Maison des syndicats.L'évacuation de la mairie, lieu très symbolique de la contestation transformée en «QG de la révolution», a toutefois été très mal vécue par beaucoup de manifestants, qui ont estimé que l'opposition faisait des concessions sans qu'aucune exigence de fond des manifestants n'ait été remplie par le président Viktor Ianoukovitch.

En images: Malgré les concessions mutuelles, la défiance règne en Ukraine

(AFP)

Ton opinion