Reportage 4/6«La banque de céréales pour changer la vie du village»
A l'occasion des 30 ans de Nouvelle Planète, huit personnalités romandes participent à un projet humanitaire. «Le Matin» relate chaque jour une tranche de vie de ces vacanciers engagés.
- par
- Magali Di Marco
Cet après-midi, nous nous déplaçons à Talakh, un des villages voisins, avec le moyen de transport local: une charrette en bois, tirée par un cheval. Nous sommes accueillis - ici nous mesurons chaque jour la portée du mot accueillir - par les tams-tams et les danses des 93 femmes du groupement de la banque de céréales. Nous devons y participer, bien entendu, et cela les fait beaucoup rire (on se demande pourquoi)! Puis, l'adjoint du maire et la présidente du groupement des femmes de Talakh nous expliquent en quoi la banque à changé la vie des villageois.
Construite en 2013 également dans le cadre d'un projet Performance Afrique/Nouvelle Planète, la banque de céréale de Talakh fonctionne à merveille. Ici, ce sont les femmes qui décortiquent et rassemblent les grains, avant de les stocker dans les greniers. Chaque femme rapportent entre 50 et 100kg par saison. Elle doivent laisser à la banque 10% de cette récolte, ce qui est beaucoup moins que les pertes engendrées par le stockage traditionnel. Ndeyé Ngoné Ndiaye, la secrétaire du groupement, nous explique: «Grâce à la banque, nous pouvons générer environ 1 tonne de bénéfice en céréales, après avoir nourri toutes les familles du village. Nous pouvons ainsi vendre ce surplus aux villages voisins, et acheter d'autres produits, comme le riz qui est également consommé. Nous ne sommes plus dépendants de la spéculation alimentaire».
Le maire rajoute: «Complétée par une batteuse (moulin à moteur qui remplace le long et épuisant battage au pilon) le concept de la banque de céréales permet aux familles de s'assurer trois repas par jour !» Et avec un esprit taquin, sachant que nous, les européens, sommes intrigués par le sujet, il vante les mérites de la polygamie, car plus un homme possède de femmes (maximum quatre), et donc plus sa famille est grande, plus les revenus sont grands! Et c'est bien entendu sous de grands éclats de rire que nous terminons ce fabuleux échange. Et pas question d'échapper, une dernière fois, à une danse.