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PédophilieLa BBC engluée dans l'affaire Savile

Le président de la BBC est monté au créneau pour défendre le groupe audiovisuel plongé dans la tourmente d'une affaire d'abus sexuels commis par l'ancien animateur-vedette Jimmy Savile, décédé l'an dernier à l'âge de 86 ans.

Les dysfonctionnements et les cafouillages se succèdent dans la gestion de l'affaire Jimmy Savile (photo datant de 1990, année durant laquelle il fut anobli), ancien animateur star, aujourd'hui décédé, soupçonné de pédophile.

Les dysfonctionnements et les cafouillages se succèdent dans la gestion de l'affaire Jimmy Savile (photo datant de 1990, année durant laquelle il fut anobli), ancien animateur star, aujourd'hui décédé, soupçonné de pédophile.

ARCHIVES, Keystone

La vénérable British Broadcasting Corporation (BBC) vit des heures difficiles. Les dysfonctionnements et les cafouillages se succèdent dans la gestion de l'affaire Jimmy Savile, ancien animateur star, aujourd'hui décédé, soupçonné de pédophile.

Le service public audiovisuel britannique traverse l'une de ses plus graves crises connues au court de sa longue histoire. Jusqu'ici symbole d'un journalisme d'investigation de haut niveau, la réputation de la BBC en a pris un coup sévère.

Le scandale a aussi rattrapé mercredi un ancien directeur général de la «Beeb» sur le point de prendre les rênes du New York Times.

Chris Patten, à la tête du «BBC Trust», organisme de contrôle du groupe audiovisuel, a mis en garde contre toute atteinte à l'indépendance de la BBC. Il répondait à une critique gouvernementale sur la gestion de l'affaire par le groupe.

«De vraies inquiétudes sur la confiance du public»

La ministre britannique de la culture et des médias Maria Miller lui avait fait part «de vraies inquiétudes sur la confiance du public dans la BBC». «Je suis sûr que vous ne voudrez pas donner l'impression de mettre en doute l'indépendance de la BBC», lui a répondu Lord Patten.

L'ancien commissaire européen et ex-gouverneur de Hong Kong a rappelé que la BBC avait ordonné deux enquêtes «complètes et indépendantes» sur cette affaire.

La BBC est dans l'oeil du cyclone depuis la diffusion début octobre d'un documentaire par la chaîne privée ITV levant le voile sur des abus sexuels présumés de la part de l'ancien animateur de la chaîne Jimmy Savile, décédé en octobre 2011 à l'âge de 84 ans.

Scandale étouffé ou non?

Ce documentaire a provoqué une cascade de témoignages et entraîné une enquête de la police, qui porte désormais sur quelque deux cents victimes. Le DJ excentrique à la chevelure blond platine, qui était aussi impliqué dans des oeuvres caritatives, est soupçonné d'avoir commis des agressions sexuelles sur des adolescentes pendant une quarantaine d'années, pour certaines dans les locaux de la BBC.

Mais le groupe audiovisuel public est accusé d'avoir tenté d'étouffer le scandale en renonçant fin 2011 à diffuser un documentaire dans le cadre de l'émission phare de la BBC, «Newsnight», qui portait sur ces accusations d'abus sexuels.

Des doutes à New York

L'affaire, qui a conduit mardi l'actuel directeur général George Entwistle à devoir se justifier devant les parlementaires britanniques, éclabousse maintenant également le patron de la BBC de l'époque, Mark Thompson, qui s'apprête à prendre ses fonctions au New York Times comme président-directeur général.

Dans une interview à ce journal, Mark Thompson s'est défendu de toute implication dans la décision controversée de passer à la trappe l'enquête de «Newsnight». «Je n'ai pas entravé ou arrêté l'enquête, pas plus que je n'ai fait quoi que ce soit qui puisse être considéré comme inopportun ou abusif», assure celui qui a été directeur général de la BBC de 2004 à septembre dernier.

Mark Thompson a ajouté qu'il n'avait pas été mis au courant de la nature des accusations visant Jimmy Savile.

Un porte-parole du New York Times cité dans l'article a confirmé que Mark Thompson prendrait ses fonctions «la semaine du 12 novembre», et qu'il était «la personne idéale» pour ce poste. Mais la médiatrice du journal, Margaret Sullivan, a sur son blog mis en doute l'opportunité de la prise de fonctions de Mark Thompson.

«Il serait bon de se demander maintenant s'il est la bonne personne pour ce poste, étant donné la tournure des événements», écrit-elle, ajoutant que le journal devait avoir une «couverture déterminée» de son rôle dans l'affaire Savile.

Enquête classée sans suite réexaminée

Le parquet britannique va examiner pourquoi une enquête de 2009 sur des accusations d'abus sexuels à l'encontre de l'ancien animateur de la BBC Jimmy Savile, avait été classée sans suite, a annoncé mercredi le premier ministre David Cameron devant le Parlement. Le chef du gouvernement a également répété que la BBC devait répondre à de «graves questions» concernant cette affaire, se demandant comment Jimmy Savile avait pu «s'en tirer pendant si longtemps».

(J.-C. M. avec les agences)

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