GenèveLa BCGE refuse d'être «tuée» par Ensemble à gauche
La Banque cantonale n'entend pas se laisser faire par l'initiative demandant le remboursement de son sauvetage.

En 2000, la Banque cantonale avait dû être sauvée par le canton.
La BCGE sort de sa réserve face à l'initiative d'Ensemble à gauche pour la contraindre à rembourser sur 30 ans les coûts de son sauvetage il y a 18 ans. Une accélération de ses efforts pourrait la «tuer». Au total, 60,8 millions ont été versés seulement sur les frais.
Plombée par des crédits immobiliers douteux, la Banque cantonale de Genève (BCGE) avait échappé à la déconfiture grâce à une intervention du canton. L'Etat avait créé une fondation qui avait repris à la banque ses actifs à problèmes pour les liquider au mieux. La perte essuyée sur ces opérations s'était néanmoins élevée à environ 2 milliards de francs.
Auxquels s'ajoutent quelque 400 millions de francs de frais de la Fondation. L'initiative constitutionnelle cantonale demande le remboursement de la combinaison de ces deux montants plus les intérêts, soit 3,2 milliards selon le parti, par une part annuelle sur les bénéfices. Au lieu de 20 centimes par franc de dividende comme actuellement.
La banque estime avoir honoré le dispositif décidé avec les autorités et les autres acteurs avec la valeur qu'elle a rétablie. En dix ans, elle ajoute avoir contribué avec près de 400 millions de francs par ses versements aux collectivités. Et par ses crédits à l'économie, ses fonds propres, ses dividendes et ses impôts.
Selon la banque, l'initiative est «impraticable» mais aussi «préjudiciable» pour les actionnaires. «Si vous accélérez le remboursement, vous tuez la banque», a estimé devant la presse le directeur financier Eric Bourgeaux.
Une fragilisation que l'Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers (FINMA) «ne laissera pas passer», ajoute le patron Blaise Goetschin. Il appelle par ailleurs «à ne pas faire le jeu des concurrents» de la banque, les établissements suisses comme étrangers. Et de se demander pourquoi Ensemble à gauche veut «s'en prendre à la banque populaire». M. Goetschin a également répété qu'il regrettait de ne pas avoir été consulté par le parti.