FootballLa belle expérience de Vullnet Basha
Le milieu de terrain lausannois a signé cet été au Wisla Cracovie, en Pologne. Il a découvert une ferveur incroyable dans les stades et une qualité de vie appréciable.
- par
- Tim Guillemin
- Cracovie (Pologne)

A 27 ans, Vullnet Basha s'éclate en Pologne, sous le maillot du Wisla Cracovie.
Assis sur une terrasse chauffée de la place du Marché de Cracovie, Vullnet Basha savoure son bonheur. «Regardez, ce n'est pas magnifique ici?» sourit le Lausannois. Juste à côté, dans ce lieu médiéval, des chevaux blancs tirant des calèches attendent le touriste, tandis que des marchands ambulants proposent d'étonnantes (et réchauffantes) tranches de pain grillé couvertes de lard et d'oignons.
Bienvenue à Cracovie, son charme et sa beauté, mais aussi son histoire emplie de souffrances. Oskar Schindler y a sauvé de la mort des centaines de Juifs en inscrivant leur nom sur sa fameuse liste. Les murs du ghetto juif sont toujours debout et Auschwitz-Birkenau n'est qu'à une heure de voiture.
Si Vullnet Basha a décidé de s'établir à Cracovie, ce n'est cependant pas pour s'imprégner de cette histoire tourmentée ou pour profiter des beautés actuelles d'une ville splendide. Après trois ans passés en deuxième division espagnole, le milieu de terrain a décidé de rejoindre le Wisla (prononcez «Wissoua»), l'un des plus grands clubs polonais.
«J'aurais pu rester en Espagne, j'avais des offres concrètes en deuxième division, mais le coach, Kiko Ramirez, a vraiment fait comprendre qu'il me voulait. Pendant deux semaines, il m'a appelé tous les jours», sourit le Lausannois. Basha n'a d'ailleurs connu aucun problème d'adaptation, puisque l'effectif du Wisla, outre l'entraîneur, compte pas moins de… huit Espagnols!
Les théories en espagnol
«C'est vraiment étonnant, parce que les théories se font dans cette langue et sont ensuite traduites en polonais!» Seul coup dur, deux défaites consécutives ont conduit au licenciement de Kiko Ramirez la semaine dernière, juste avant le derby contre le KS Cracovia. «C'est son adjoint qui l'a remplacé, un ancien joueur polonais de haut niveau», explique Vullnet Basha. Un nouvel entraîneur, espagnol, devrait arriver après la trêve.

Le Lausannois, lui, joue tous les matches. «J'en ai raté un pour suspension et un autre parce que j'étais malade», détaille-t-il, très heureux d'avoir effectué le choix de rejoindre la Pologne. «Ma femme m'a demandé où je l'emmenais quand je lui ai dit qu'on allait à Cracovie. Mais aujourd'hui, elle ne veut plus partir. Et moi non plus», sourit-il.
Sous contrat jusqu'en juin prochain, l'ancien joueur du LS, de Xamax et de Sion a envie d'activer la clause de prolongation, lui qui a signé pour une année, avec option pour deux saisons supplémentaires. «On n'a pas encore discuté officiellement, mais je sais qu'ils sont contents de moi», explique le régulateur du milieu de terrain, très confiant même avec le changement d'entraîneur à venir.
L'objectif du Wisla (7e) est clair: d'abord assurer la place en play-off (donc terminer dans les huit premiers après 30 journées), puis aller décrocher une qualification pour les compétitions européennes.
Des stades pleins et bouillants
Pas facile, mais quoi qu'il en soit, le Vaudois s'éclate dans un championnat compétitif et, surtout, complètement fou dans les tribunes. «Les stades sont très beaux et surtout ils sont remplis! On joue régulièrement devant 20'000 personnes et on monte souvent à 25'000, voire à guichets fermés, soit plus de 30'000, pour les gros matches, comme récemment contre le Legia Varsovie. Franchement, la Pologne, c'est une belle découverte, tant pour le football que dans la vie de tous les jours», explique le Lausannois, qui avait été bien conseillé.

«Lorsque la proposition est arrivée, j'en ai parlé à mon frère Migjen, qui est aujourd'hui à Bari, et qui avait joué au Torino avec Kamil Glik. Il a donc appelé Glik, qui lui a dit que je devais signer les yeux fermés, que le Wisla était un grand club et que j'allais me plaire en Pologne. Je dois admettre qu'il avait raison.»
Seul obstacle: la langue. «Ah, ça oui! Au club, je ne parle qu'espagnol. Et pour le reste, je me débrouille en anglais», avoue-t-il. Si le Wisla et lui activent la prolongation de contrat, il aura sans doute l'occasion de se mettre au polonais.