AutomobilismeLa belle histoire de Charles Leclerc
Il l'avait rêvée, cette victoire à Monza. Et il l'a fait. Charles Leclerc entre par la grande porte dans la légende Ferrari.
- par
- Luc Domenjoz ,
- Monza

L'émotion, la tension, l'attente étaient presque palpables. Près de 100 000 spectateurs avaient franchi les enceintes de l'Autodrome de Monza, dimanche, dans le seul espoir de voir une Ferrari s'imposer pour la première fois depuis Fernando Alonso en 2010. Charles Leclerc était qualifié en pole-position et sa SF90 semblait si rapide en ligne droite que sa victoire devait - presque - n'être qu'une formalité.
Mais si le Monégasque a bien franchi la ligne d'arrivée le premier, au terme des 53 tours de course, son Grand Prix fut loin de se résumer à la promenade dominicale attendue. Du départ jusqu'au drapeau à damier, le Monégasque fut poursuivi par les deux Mercedes, visiblement plus rapides que sa Ferrari sur un tour, mais dont la vitesse de pointe était inférieure.

Dans les lignes droites, Charles Leclerc parvenait à leur tenir tête, mais il n'avait pas droit à la moindre erreur. A l'arrivée, le pilote Ferrari tenait enfin cette victoire dont il avait rêvé depuis son enfance: «Gagner ici, voir tous ces gens sous le podium, tous ces gens qui chantaient en même temps l'hymne italien, c'était incroyable. Ça allait plus loin que mes rêves d'enfant les plus fous. Je pense à cette victoire depuis que je suis arrivé ici, mercredi. Je ne pense qu'à ça.»
Cette victoire fait revivre au jeune Monégasque ses souvenirs avec Ferrari. «J'ai une très mauvaise mémoire pour mes propres courses», commente-t-il après l'arrivée. «Mes premiers souvenirs d'une monoplace de F1, c'était quand j'avais cinq ans, je pense. J'étais au bord de la piste, à la sortie du virage 1, à Monaco, et je me souviens que je jouais avec des petites voitures d'enfant… Mon premier souvenir de Maranello (où se situe l'usine de Ferrari, ndlr), c'était avec Jules (Bianchi, son mentor dans le monde de la course, décédé en 2015). Jules devait y aller pour un shooting photo, et il a essayé de me faire entrer à l'usine Ferrari avec lui. Ça n'a pas marché, j'ai dû l'attendre en-dehors. Mais j'ai pu réaliser combien toute la ville tourne autour de Ferrari. Aujourd'hui, je dois dire que je peux entrer à l'usine un peu plus facilement…»
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Selon Toto Wolff, Charles Leclerc méritait une pénalité
Au 23e tour, Lewis Hamilton a réussi à revenir à la hauteur de Charles Leclerc, juste avant la chicane suivant la Curva Grande. Mais le pilote Ferrari l'a sèchement repoussé, obligeant la Mercedes à mettre deux roues dans l'herbe - ce qui valut au pilote Ferrari un drapeau noir et blanc, un avertissement pour conduite dangereuse. Après la course, Charles Leclerc expliquait qu'il avait apprécié la bataille, et qu'il avait bien compris, après son duel avec Max Verstappen en Autriche, que ce genre de manœuvre est désormais autorisée.

Mais Lewis Hamilton ne l'entendait pas de cette oreille: «Ce que j'aimerais, c'est que les commissaires de course appliquent le règlement de manière constante, que les règles soient claires, se plaignait le Britannique. Mais je vais parler avec Charles en privé, je n'ai rien à ajouter en public. Peu importe ce que je pense, j'ai évité la collision, et ensuite je me suis concentré pour remonter sur lui…»
Toto Wolff, le patron de Mercedes, était un peu plus explicite: «Charles a poussé Lewis hors de la piste, ça ne fait aucun doute. Il aurait dû recevoir une pénalité, mais nous sommes à Monza… personne ne voulait créer une émeute. Une autre fois, ailleurs, on montrera à nouveau ce qui s'est passé ici, et les gens comprendront que Charles méritait une pénalité. Cela dit, j'ai déjà bien assez de problèmes dans ma vie pour en rajouter avec ça!»
Michael Masi, le directeur de course, expliquait pour sa part que si les deux voitures s'étaient touchées, les commissaires auraient certainement regardé les responsabilités avec plus d'attention. «Mais nous avons choisi une approche «laissez-les courir», en parfait accord avec les écuries, et nous essayons de nous y tenir», justifiait l'Australien.
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Vettel aux oubliettes
Quatrième sur la grille de départ, Sebastian Vettel a raté son envol, puis s'est fait passer par la Renault de Nico Hülkenberg avant de reprendre sa place et d'attaquer les Mercedes. Au 6e tour, pourtant, il est parti tout seul en travers à la chicane Ascari.
Au moment de reprendre la piste, il n'a pas regardé si une monoplace arrivait et il est entré en collision avec la Racing Point de Lance Stroll, y laissant son aileron avant. A l'arrivée, l'Allemand termine 13e et ne marque donc aucun point. «Je ne peux pas être satisfait de cette course, confirmait le quadruple champion du monde. Quand je suis parti en travers, j'étais à cheval sur le vibreur, et j'essayais de ne pas caler. Je n'ai pas vu Stroll arriver, je suis désolé pour lui… mais c'en était fini pour ma course. Quand on a du bon matériel et qu'on ne peut pas en tirer parti, on ne peut pas être heureux…»
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Grosjean déséquilibré
Encore un week-end à oublier pour l'écurie Haas et pour Romain Grosjean, qui termine 16e et avant-dernier.
Au départ, le Genevois a été heurté à l'arrière et dut court-circuiter la première chicane. Revenu en piste tout derrière, il a remonté les positions avant de partir en tête-à-queue et de faire un plat sur ses pneus, qui l'a obligé à les changer et repartir dernier. Mais le pire, c'était l'équilibre de sa voiture: «Je ne comprends pas, la voiture était beaucoup trop braquée sur l'avant. Aux stands, on a essayé de rectifier, mais ce n'était pas suffisant. Alors, quand je me suis arrêté pour la deuxième fois pour changer mes pneus, on a enlevé 1% d'appui sur l'avant, ce qui est énorme. Mais la voiture n'était toujours pas équilibrée. Je ne sais pas pourquoi, mais elle était différente aujourd'hui qu'au cours des essais. On a du travail pour comprendre ce qui s'est passé.»
Kevin Magnussen, sur l'autre Haas, abandonnait au 44e tour sur problème hydraulique.