Partenariat: la Bleue n’a plus le blues

C’est un produit d’origine suisse qui a conquis le monde entier au XIXe siècle. Le chocolat? Non. La fondue? Pas du tout. De quoi s’agit-il alors? De l’absinthe, pardi! Coup de projecteur sur cette boisson sulfureuse qui fait partie de l’Inventaire du Patrimoine culinaire suisse.

On l’appelle Fée verte, Bleue, thé de Boveresse ou encore lait du Val-de-Travers. Les historiens s’accordent sur le fait que «l’extrait d’absinthe» fut distillé la première fois dans les années 1760-1770 à Couvet, dans le Val-de-Travers justement. En revanche, on ignore exactement à qui revient la paternité de la recette. Sans doute à une femme, la Mère Henriot, comme l’indique l’article «Absinthe» sur le site du Patrimoine culinaire suisse.

Ce qui était, au départ, un simple remède va devenir une boisson très appréciée au cours du XIXe siècle. D’abord réservée aux artistes et à la bonne société parisienne, elle va se populariser jusqu’à devenir la «boisson nationale» française. À cette époque, elle est même moins chère que le vin!

Dans un contexte où l’alcoolisme devient un vrai problème de société, les ligues antialcooliques, alliées aux vignerons mécontents, finiront par avoir sa peau. L’absinthe est interdite en 1908 en Suisse et en 1914 en France. Elle continuera pourtant d’être produite en toute illégalité dans le Val-de-Travers.

Un livre, publié aux éditions Helvetiq et richement illustré, retrace la grande épopée de cet apéritif. Depuis qu’elle a été à nouveau légalisée en 2005 en Suisse, l’absinthe connaît en effet une renaissance bien méritée. Fabriquée aujourd’hui par des distillatrices et distillateurs talentueux, la Fée verte n’est plus une vilaine sorcière!