CocasseLa chemise Edelweiss, icône de l'UDC urbaine
Symbole de la paysannerie, l'habit a la cote chez les ténors genevois du parti. Moins chez les candidats réellement paysans…
- par
- Raphaël Pomey

Attachés aux traditions, mais modernes et ouverts sur le monde. Telle est l'image sur laquelle les UDC genevois Céline Amaudruz, gestionnaire de fortune, et Yves Nidegger, avocat, ont décidé de surfer pour la course au Conseil des Etats. Et pour bien montrer leur amour du folklore, les deux candidats ont trouvé un allié de choix sur leur photo de campagne: les fameuses chemises edelweiss. Produites en Suisse alémanique, ces dernières sont devenues le symbole du monde agricole depuis les campagnes des paysans suisses, lancées en 2006. On y apercevait des personnalités porter fièrement l'habit sur des affiches aux quatre coins du pays pour affirmer leur amour des produits du terroir.
Une mise en scène qui, visiblement, a inspiré l'UDC Genève: «J'ai donné l'impulsion pour cette communication, note Céline Amaudruz. Nous voulons montrer qu'on peut faire une politique moderne tout en conservant nos valeurs.» Du coup, les fameuses chemises bleues se multiplient désormais dans les réunions de l'UDC au bout du lac, comme le 31 août à Carouge, où se trouvaient les cadors de la formation agrarienne.
Un gadget
Ironiquement, les «vrais» agriculteurs du parti, comme le conseiller national Vaudois Guy Parmelin, sont moins prompts à revêtir ce symbole du monde rural. «J'ai déjà un certain nombre de chemises bariolées pour le travail, si bien que je ne me vois pas porter celle-ci à l'extérieur. Eventuellement, je pourrais le faire si l'Union suisse des paysans nous demandait de tous nous habiller comme ça à l'occasion d'un événement, et encore…» Même son de cloche chez son collègue Jean-Pierre Grin, de Pomy (VD), qui ne possède le motif edelweiss que… sur une cravate: «Je peux la mettre quand on va dans certains milieux citadins, pour donner une visibilité à mon côté producteur.» Reste que dans les réunions de la branche, costards-cravate ou habits plus légers, en cas de grosses chaleurs, n'ont pas encore été supplantés par la célèbre chemise bleue, de l'avis général…
Les deux élus se réjouissent toutefois de voir des collègues de parti, venus de la ville, se présenter en «ambassadeurs» de la paysannerie. «Et puis il y a quand même des liens entre le monde agricole et l'UDC genevoise. Un de leurs membres, candidat au National et sorti premier des viennent-ensuite la dernière fois, est viticulteur-encaveur», rappelle Guy Parmelin.
«Comme un jeans»
«C'est vrai que les paysans ne portent pas beaucoup la chemise, relève Martine Bailly, de l'Agence d'information agricole romande. Mais eux n'ont pas besoin de montrer leur attachement à la terre et à la campagne, parce que c'est évident. C'est ceux qui n'en sont pas qui aiment bien se marquer par sympathie.» A l'aise avec l'appropriation de ce symbole, elle tique davantage face au mot d'ordre de l'UDC, «Proche de vous», également visible sur les affiches des paysans suisses depuis des années.
Une solution demeure pour que l'UDC joue encore mieux la carte de la tradition, à Genève: se renseigner sur le site Internet de la Fédération cantonale du costume folklorique. Celui-ci propose différents habits de ville, de travail aux champs ou tenue du dimanche. «La chemise avec les edelweiss n'est pas du tout d'ici, rappelle André Sahli, le président de l'organisation. On ne peut pas la comparer à un habit traditionnel. Cela devient un peu un signe de ralliement, mais pour moi c'est comme un jeans.»