GéopolitiqueLa Chine ne veut pas d'ingérence américaine
Le gouvernement chinois demande aux diplomates américains de ne pas se mêler des manifestations qui secouent Hong Kong. Les USA s'en offusquent.

Pékin présente de plus en plus les manifestations anti-gouvernement dans le territoire semi-autonome comme soutenues par l'Occident.
La Chine a demandé jeudi aux diplomates américains basés à Hong Kong «d'arrêter de s'immiscer» dans les affaires de la ville. Cela après la révélation par la presse d'une rencontre avec des militants prodémocratie.
Les Etats-Unis ont aussitôt accusé en retour Pékin d'avoir eu une attitude de «voyou» et d'avoir «harcelé» une de leurs diplomates, qui ne faisait à leurs yeux que son travail.
Le ministère chinois des Affaires étrangères a exprimé un «profond mécontentement» vis-à-vis des autorités américaines, mentionnant le reportage d'un média local relatant l'entretien d'un responsable du Consulat général américain à Hong Kong avec un groupe local qui réclamerait «l'indépendance».
Dans un communiqué publié jeudi à Pékin, le ministère a exhorté ce consulat à «couper immédiatement tout lien avec des émeutiers anti-Chine» et à «cesser immédiatement toute interférence dans les affaires de Hong Kong».
Un reportage publié dans le journal hongkongais Takungpao a fait état d'une rencontre entre des membres du parti Demosisto - parmi lesquels un célèbre militant prodémocratie, Joshua Wong - et Julie Eadeh, chef de la section politique du consulat général américain.
Washington s'insurge
Interrogée à Washington sur cette «protestation formelle» du gouvernement chinois, la porte-parole de la diplomatie américaine Morgan Ortagus s'est insurgée.
«Je ne pense pas que faire filtrer des informations privées sur une diplomate américaine, des photos, les noms des enfants, je ne pense pas qu'il s'agisse d'une protestation formelle. C'est ce que fait un régime voyou, ce n'est pas ce que ferait une nation responsable», a-t-elle lancé devant la presse, évoquant un incident «totalement inacceptable».
«En fait ils ont harcelé une diplomate américaine», a-t-elle poursuivi. Selon la porte-parole du département d'Etat américain, la diplomate a fait ce que ses collègues «font chaque jour autour du monde»: «ils rencontrent des responsables gouvernementaux, des opposants, des manifestants, pas seulement à Hong Kong ou en Chine».
Un autre responsable du département d'Etat a dit que «le jour de cette réunion», des diplomates américains avaient «aussi rencontré des législateurs pro-Pékin et prodémocrates, ainsi que des membres de la communauté d'affaires américaine et du corps consulaire».
Soutien de l'occident, selon Pékin
Pékin présente de plus en plus les manifestations anti-gouvernement dans le territoire semi-autonome comme soutenues par l'Occident. Le parti Demosisto affirme faire campagne pour davantage d'autodétermination, mais pas pour l'indépendance.
L'an dernier, le Parti national (HKNP), minuscule formation indépendantiste, avait été interdit pour des raisons de «sécurité nationale». C'était la première fois depuis la rétrocession de Hong Kong en 1997 qu'un parti politique était ainsi interdit.
Mardi, Pékin a adressé son plus ferme avertissement en date aux manifestants hongkongais en affirmant que «ceux qui jouent avec le feu périront par le feu».