Hiver montagnardLa communication des stations de ski agace
Certains pros de la montagne s'indignent que nombre de stations draguent leurs clients avec des images de freeride. Cela les inciterait à prendre des risques hors piste.
- par
- Laurent Grabet

Comme Davos et Verbier, les stations faisant leur promotion avec ce genre de photos soulignent qu'elles sont prises sur leurs itinéraires sécurisés.
«D'un côté de nombreuses sociétés de remontées mécaniques axent leur communication sur la montagne immaculée et la poudreuse et de l'autre les responsables de sécurité de ces mêmes stations se plaignent du nombre de personnes skiant hors piste. C'est paradoxal!» Ce constat, que son organisme a déjà lancé hier sur le site Swissinfo.ch, Magali Dubois, porte-parole du Bureau de prévention des accidents, n'est de loin pas la seule à le faire. Surtout en ce début d'hiver meurtrier. Hier, un skieur a en effet encore perdu la vie sous une avalanche à Staldenried (VS) portant ainsi le bilan de la saison à 21 morts.
Le Club alpin suisse (CAS) estime que la communication actuelle des stations concernées est «absurde et irresponsable». «Ces images et vidéos de promotion mettent en scène des pros dans des pentes raides et poudreuses. C'est pernicieux car cela incite des skieurs moyens ou sans connaissances des avalanches à faire de même, assène Bruno Hasler, responsable formation au CAS. Il faudrait au moins que tout cela s'accompagne d'un message de prévention.»
Le célèbre freerider Dominique Perret entend aussi de son côté beaucoup de connaissances dénoncer «l'hypocrisie du double discours des stations». Et le Neuchâtelois, qui lancera l'hiver prochain son International Snow Training Academy (ISTA), n'entend pas seulement cette remarque à propos des stations. «Les marques elles aussi vendent du rêve, du matériel de sauvetage et des skis larges et ce serait parfait s'il y avait avec des formations ad hoc et englobant aussi les facteurs humains comme nous le proposerons bientôt avec ISTA.»
Appels à la responsabilité
Sylvie Schneuwly, porte-parole des Remontées mécaniques suisses (RMS), estime qu'il n'y a aucune raison de ne pas promouvoir le ski freeride. «Et ce dans la mesure où cette activité n'est ni illégale ni dangereuse pour peu que les skieurs se montrent responsables. A savoir qu'ils ne passent pas sous les filets de sécurité lorsqu'ils sont déployés et qu'ils tiennent compte des signalisations relatives aux dangers d'avalanche.»
Eric Balet, directeur de Téléverbier, souligne de son côté que les photos mises sur la sellette sont souvent prises sur des itinéraires à skis, certes non damés mais sécurisés car appartenant au domaine. Le problème reste que l'écrasante majorité des clients ne le savent pas. Pour Eric Balet, ces skieurs doivent de toute façon faire appel à leur responsabilité individuelle. «On voit les pros descendre Kitzbühel à fond, mais cela ne nous viendrait pas à l'esprit de les imiter si on a un niveau médiocre. Eh bien c'est pareil avec le freeride. Lequel demande compétences et expérience.» Des compétences que certaines stations, à l'instar de Verbier, proposent d'aiguiser via leurs écoles de ski ou sur leur DVA (détecteur de victime d'avalanche) Park.