PréventionLa conférence «Jeunes et violence» s'ouvre à Genève
La deuxième conférence nationale du programme «Jeunes et violence» s'est ouverte jeudi à Genève. Près de 400 spécialistes se sont réunis pour améliorer l'efficacité de la prévention.

Jürg Brechbühl estime que les jeunes Suisses sont plus pacifiques que les jeunes de pays voisins.
Près de 400 spécialistes de la prévention de la violence chez les jeunes se réunissent jeudi et vendredi à Genève pour faire le point sur l'efficacité des mesures de prévention. Il s'agit de la deuxième conférence nationale du programme «Jeunes et violence». Des échanges absolument nécessaires, selon Charles Beer, pour contrer le phénomène.
Savoir ce qui se fait à Zurich au Tessin et échanger autour est une nécessité, a relevé le président du Conseil d'Etat genevois jeudi devant la presse. Il s'agit de prendre en compte la réalité de la violence dont «on a trop souvent pensé qu'elle n'existait pas».
Au niveau scolaire, on voit un nouveau monde s'ouvrir, notamment avec le développement des nouvelles technologies, a-t-il cité en exemple. Les réseaux sociaux sont détournés de leur fonction essentielle lors de dérapages extrêmement graves.
Autre constat de chef du département de l'instruction publique, les inégalités se développent. La société toute entière, pas uniquement les jeunes, vit actuellement une explosion de violence.
Stabilisation
Seuls deux jeunes sur mille posent problème, selon des statistiques policières, a relevé pour sa part le professeur Manuel Eisner de l'Institut de criminologie de l'Université de Cambridge. Mais il ne s'agit que de la pointe de l'iceberg, a-t-il nuancé. Le spécialiste constate cependant que la violence juvénile s'est stabilisée en Suisse depuis 2008, après avoir fortement augmenté depuis les années 90.
La Confédération, les cantons et les communes ont souhaité répondre à ce phénomène ensemble. Ils ont mis sur pied le programme «Jeunes et violence» de 2011 à 2015, qui privilégie les échanges en matière de prévention, a expliqué Jürg Brechbühl, directeur de l'Office fédéral des assurances sociales, organisateur de la conférence avec les autorités genevoises.
Potentiel d'amélioration
Le soutien parental précoce, la prévention par les pairs et les programmes de prévention du harcèlement, toutes ces bonnes pratiques ont fait leurs preuves. Mais un potentiel d'amélioration subsiste, a-t-il relevé.
La coordination doit être renforcée entre cantons et communes. Mais aussi au sein même des cantons où diverses unités (formation, sécurité, social) prennent en charge le problème de la violence.
Aux yeux du directeur de l'OFAS, le plus grand défi reste les manifestations de violence dans l'espace public des grands villes. Bagarres, littering, vandalisme, consommation de drogue et d'alcool y sont beaucoup plus fréquents qu'à la campagne.
Offrir des lieux de loisirs, associer les jeunes à l'aménagement de l'espace sont des pistes à ne pas négliger. Des villes qui misent sur le dialogue comme Zurich Genève ont fait de bonnes expériences, a-t-il noté.
Mesures à Genève
A Genève, l'action de la ville s'inscrit en amont, avant que les jeunes ne deviennent violents, a déclaré Esther Adler, vice-présidente du Conseil administratif, en charge de la cohésion et de l'action sociale. Elle se traduit par le soutien à la parentalité, un accueil de qualité au niveau de la petite enfance, scolaire, parascolaire et périscolaire. La prévention dans les quartiers est essentielle, a-t-elle souligné.
Les jeunes sont aussi des victimes de la violence sociale, avec des absences de perspectives professionnelles ou de logements. Plus de 40% des bénéficiaires de l'aide sociale ont moins de 25 ans à Genève, a-t-elle ajouté. Sans oublier le suicide, deuxième cause de mortalité chez les jeunes de 10 à 19 ans.
Il faut donner des coups de pouce pour que les jeunes puissent mieux s'en sortir. Mais le filet social risque d'être mis à mal à l'heure des restrictions budgétaires. Mardi soir, la commission des finances du Conseil municipal a décidé de biffer 32 postes dans l'action sociale de proximité, a déploré Mme Adler. Elle espère que le législatif de la ville reviendra à de meilleurs sentiments.