AsieLa Corée du Nord tire deux missiles, le Sud réplique
Ces tirs nord-coréens interviennent au surlendemain de l’annonce de tirs d’essai d’un nouveau «missile de croisière longue portée» au cours du week-end par Pyongyang.

Bien que frappé par de multiples sanctions internationales, le pays a rapidement développé ces dernières années ses capacités militaires sous la direction de Kim Jong-un.
La Corée du Nord a tiré mercredi deux missiles balistiques vers la mer, selon l’armée sud-coréenne, deux jours après l’annonce par Pyongyang de tirs d’essai réussis d’un nouveau «missile de croisière longue portée».
Pour les analystes, ces tirs sont un signal destiné à la Chine, principal allié diplomatique et partenaire commercial du Nord bien que les relations entre les deux pays soient parfois tendues.
Isolé
Pyongyang est actuellement plus que jamais isolé depuis la fermeture de ses frontières en début d’année dernière pour empêcher la propagation du coronavirus.
Le Nord, doté de l’arme nucléaire, a tiré «deux missiles balistiques non identifiés» depuis une région située au centre du pays en direction de l’est vers la mer, a déclaré l’état-major interarmées de Séoul dans un communiqué.
«Les agences de renseignement sud-coréennes et américaines procèdent à une analyse détaillée» de ces tirs, ont-ils ajouté, sans donner de précisions sur la portée de ces missiles.
Ils sont intervenus au moment où le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, est à Séoul pour s’entretenir avec son homologue sud-coréen.
«Reprise du dialogue»
S’exprimant avant cette nouvelle, le ministre chinois a dit espérer que tous les pays contribueraient «à la paix et à la stabilité dans la péninsule coréenne», selon l’agence de presse sud-coréenne Yonhap, les invitant «tous à travailler ensemble à la reprise du dialogue».
La Corée du Nord est sous le coup de nombreuses sanctions en raison de ses programmes d’armes nucléaires et de missiles balistiques interdits.
Ses pourparlers avec les États-Unis sont dans l’impasse depuis l’échec du sommet de 2019 à Hanoi entre le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un et le président américain de l’époque Donald Trump sur l’allègement des sanctions – et ce que Pyongyang serait prêt à abandonner en retour.
Message indirect
Après son arrivée au pouvoir fin 2011, l’actuel dirigeant nord-coréen, Kim Jong Un, a attendu plus de six ans avant de se rendre en Chine, mais s’est ensuite entretenu à plusieurs reprises avec le président chinois Xi Jinping. Pékin considère que le Nord fait partie intégrante de sa sphère d’influence.
Yang Moo-jin, professeur à l’Université des études nord-coréennes, estime que les tirs de mercredi «ressemblent à un message indirect de la Corée du Nord et même à une demande adressée à Pékin pour que la péninsule coréenne soit traitée par la Chine comme un dossier prioritaire».
«Dans le même temps, Pyongyang semble affirmer et souligner que la Corée du Nord prend la tête sur le dossier de la péninsule coréenne», a-t-il ajouté.
«Armes stratégiques»
Ces tirs interviennent au surlendemain de l’annonce par l’agence officielle nord-coréenne KCNA de tirs d’essai d’un nouveau «missile de croisière longue portée» au cours du week-end, évoquant des «armes stratégiques de grande importance».
Le quotidien officiel nord-coréen Rodong Sinmun a publié lundi des photos montrant un missile sortant comme une boule de feu de l’un des cinq tubes d’un véhicule de lancement ainsi qu’un missile effectuant un vol à l’horizontale.
«Sans conditions préalables»
Ces missiles de croisière longue portée, s’il est confirmé que le pays les possède, représenteraient une avancée technologique pour la Corée du Nord, selon les analystes.
Ils seraient ainsi plus difficiles à intercepter et constitueraient une véritable menace pour la Corée du Sud et le Japon, deux alliés des États-Unis.
Les missiles tirés ce week-end ont parcouru 1.500 kilomètres, lors de trajectoires de vol de deux heures, traçant des huit, au-dessus de la Corée du Nord et de ses eaux territoriales pour atteindre leurs cibles, selon KCNA.
Pas d’essai nucléaire
Plusieurs résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies interdisent à la Corée du Nord la poursuite de ses programmes d’armements nucléaires et de missiles balistiques. Mais Pyongyang n’est pas soumis à une interdiction de développer des missiles de croisière.
Pyongyang n’a procédé à aucun essai nucléaire ou tir de missile balistique intercontinental depuis 2017.
En début de semaine, les représentants spéciaux des États-Unis, du Japon et de la Corée du Sud pour la Corée du Nord se sont rencontrés à Tokyo.
«Nous espérons que la République populaire démocratique de Corée répondra positivement à nos multiples offres de rencontres sans conditions préalables», a réitéré le représentant américain à Washington, Sung Kim.
Les États-Unis sont disposés à «s’attaquer aux problèmes humanitaires, indépendamment des progrès réalisés en matière de dénucléarisation», dans le respect des règles internationales, a-t-il ajouté.
Tir de la Corée du Sud
La Corée du Sud a effectué avec succès mercredi un tir de missile balistique depuis un sous-marin, a annoncé la présidence, devenant ainsi le septième pays au monde à disposer de cette technologie de pointe.
Le missile a été tiré depuis le sous-marin Ahn Chang-ho, récemment mis en service, et a parcouru la distance prévue avant d’atteindre sa cible, a indiqué la «Maison bleue», siège de la présidence.