Tout a commencé dimanche, lorsqu'un incendie s'est déclaré dans la salle des machines. A priori vite maîtrisé, le sinistre – qui n'a fait aucun blessé – a néanmoins endommagé le système de propulsion et l'alimentation électrique. Résultat, le paquebot de la compagnie américaine Carnival Cruise Lines qui devait ramener son monde lundi à Galveston, au Texas, après une petite croisière de quatre jours dans le golfe du Mexique, est parti à la dérive. Actuellement remorqué jusqu'au port de Mobile, en Alabama (sud des Etats-Unis), le navire devait arriver jeudi en fin de soirée (heure suisse).

Le moment de la délivrance est donc proche pour les 3143 passagers et 1086 membres d'équipage qui se lamentent de vivre un enfer à bord. Outre la climatisation qui est totalement hors service, une partie des ascenseurs et la majorité des cuisines ne fonctionnent plus. Résultat, les seuls aliments proposés depuis lundi sont des sandwiches, et encore «il faut parfois faire la queue pendant plusieurs heures pour pouvoir espérer recevoir une tranche de pain avec une rondelle de tomate», raconte une passagère interviewée par téléphone par une grande chaîne américaine.

Mais le pire, c'est l'odeur, selon cette passagère, qui a pu décrire l'ambiance à bord. «Comme les toilettes ne fonctionnent plus – la plupart en tout cas – on doit faire nos besoins dans des récipients qu'on amène dans les corridors et qu'il faut vider dans de grands sacs. Mais l'odeur est nauséabonde.»

D'autres témoins, qui ont pu parler à leurs proches par téléphone, ont décrit la moquette «remplie d'urine par endroits» et témoigné de scènes d'angoisse qui se multiplient, certains estimant même avoir vu des victimes prises de malaise cardiaque. «La pire chose que j'ai vue est cette petite fille, assise par terre, en train d'essayer de respirer dans une machine car elle avait sans doute une crise d'asthme», décrit une autre passagère interviewée par la chaîne NBC.

Pour porter secours à ce navire en perdition, plusieurs bateaux se sont détournés. Mais le ravitaillement en pleine mer n'est pas aisé, même si la mer est relativement calme ces jours-ci. Craignant le pire, une partie des touristes a choisi de dormir sur le pont, certains avec leur gilet de sauvetage.

De source maritime, le «Carnival Triumph» ne risque aucunement le naufrage. Voilà de quoi rassurer les milliers de passagers et leurs familles, inquiètes, qui les attendent sur le continent. Dans le port de Mobile, où le paquebot est attendu, Mary Poret, venue tout exprès du Texas, a hâte de pouvoir serrer sa fillette dans ses bras. «Elle est partie avec son père mais elle est terrorisée car elle croit qu'elle ne me reverra plus jamais». Quoi qu'il en soit, tous se rappelleront longtemps de leur croisière de rêve qui a tourné au cauchemar.