Crise israélo-palestinienne: La déclaration Balfour divise toujours

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Crise israélo-palestinienneLa déclaration Balfour divise toujours

Ce jeudi, cela fera 100 ans que la déclaration Balfour ouvrait la voie à la création d'Israël. Soixante-sept mots qui ont changé l'Histoire.

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En 1897, le journaliste et écrivain Theodor Herzl réunit à Bâle le premier congrès sioniste qui aspire à créer, pour le peuple juif, un foyer en Palestine garanti par le droit public. Du côté arabe, après des protestations de notables de Jérusalem, les premières organisations politiques sont créées en 1911 à Haïfa et à Jaffa pour lutter contre le sionisme.

En 1897, le journaliste et écrivain Theodor Herzl réunit à Bâle le premier congrès sioniste qui aspire à créer, pour le peuple juif, un foyer en Palestine garanti par le droit public. Du côté arabe, après des protestations de notables de Jérusalem, les premières organisations politiques sont créées en 1911 à Haïfa et à Jaffa pour lutter contre le sionisme.

Keystone
Il y a 100 ans, la déclaration Balfour a ouvert la voie à la création de l'Etat d'Israël.Le 2 novembre 1917, ce texte signé par le chef de la diplomatie britannique Arthur Balfour affirme que «le gouvernement de Sa Majesté envisage favorablement l'établissement en Palestine d'un foyer national pour le peuple juif».

Il y a 100 ans, la déclaration Balfour a ouvert la voie à la création de l'Etat d'Israël.Le 2 novembre 1917, ce texte signé par le chef de la diplomatie britannique Arthur Balfour affirme que «le gouvernement de Sa Majesté envisage favorablement l'établissement en Palestine d'un foyer national pour le peuple juif».

AFP
En 1919, le premier congrès palestinien qui s'est tenu à Jérusalem refuse l'établissement d'un foyer national juif. Lors du 3e congrès qui a eu lieu à Haïfa (voir image), les délégués déclarent illégale administration britannique.

En 1919, le premier congrès palestinien qui s'est tenu à Jérusalem refuse l'établissement d'un foyer national juif. Lors du 3e congrès qui a eu lieu à Haïfa (voir image), les délégués déclarent illégale administration britannique.

La déclaration Balfour, qui aura cent ans jeudi, est saluée par Israël comme ayant contribué à la fondation du pays. Mais elle est critiquée par les Palestiniens comme une étape majeure de la «catastrophe» qui les a privés de leurs terres.

Le 2 novembre 1917, le ministre britannique des Affaires étrangères Arthur Balfour indique que Londres considère «favorablement l'établissement en Palestine d'un foyer national pour le peuple juif».

Cette phrase de 67 mots est alors la manifestation de soutien la plus forte d'une grande puissance aux objectifs du mouvement sioniste: le retour des Juifs sur la terre leurs ancêtres.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu commémorera cet anniversaire à Londres, où il participera à un dîner avec son homologue britannique Theresa May.

Mme May a dit qu'elle marquerait cette date avec «fierté», malgré les critiques qui s'élèvent en Grande-Bretagne autour de cette commémoration en raison des 50 ans d'occupation israélienne de la Cisjordanie. Le chef de l'opposition travailliste, Jeremy Corbyn, a ainsi indiqué qu'il ne participerait pas au dîner anniversaire, sans plus d'explications.

«Injustice historique»

«Même si l'Etat d'Israël n'aurait pas vu le jour (en 1948) sans l'implantation (juive qui l'a précédé), sans sacrifice et sans une volonté de se battre pour lui, l'impulsion internationale a indéniablement été la déclaration Balfour», a déclaré cette semaine M. Netanyahu.

Les Palestiniens ont prévu une manifestation jeudi à Ramallah, en Cisjordanie occupée, dans le cadre de leur campagne appelant la Grande-Bretagne à s'excuser pour cette déclaration. Ils ont également étudié les façons de poursuivre Londres en justice à ce sujet.

Pour le Premier ministre palestinien Rami Hamdallah, la Grande-Bretagne devrait s'excuser pour «une injustice historique qu'elle a commise contre (son) peuple» et devrait «la corriger au lieu de la célébrer».

«Pierre angulaire»

Certains argumentent aujourd'hui que les événements postérieurs à la déclaration Balfour ont diminué son importance.

Mais d'autres considèrent que son influence reste majeure, ce texte ayant jeté les bases non seulement de la création de l'Etat moderne d'Israël mais aussi du conflit israélo-palestinien.

Jonathan Schneer, historien américain et auteur du livre «La déclaration Balfour», estime qu'Israéliens et Palestiniens ont «tous les deux raison». «Les Israéliens la considèrent comme la pierre angulaire de la naissance d'un Etat juif et les Arabes comme celle de leur dépossession et de leur misère», explique-t-il dans une interview à l'AFP.

Selon l'historien, la déclaration s'est, de façon ironique, nourrie de préjugés antisémites de l'époque. Les dirigeants britanniques estimaient en effet que cette communauté était capable de les aider à gagner la Première Guerre mondiale en raison de son influence supposée dans les finances et en Russie, d'après lui.

«Si quelqu'un doit choisir cinq documents qui ont façonné l'histoire et l'existence d'Israël, la déclaration Balfour doit en faire partie», assure Paula Kabalo, directrice de l'Institut de recherche Ben-Gourion pour l'étude d'Israël et du sionisme.

«Encore du travail»

Les Palestiniens jugent la déclaration, qui mentionne que «rien ne doit être fait qui puisse porter atteinte aux droits civils et religieux des communautés non juives existant en Palestine», comme colonialiste et même raciste.

Elle a été écrite «comme si les Palestiniens n'existaient pas», s'insurge Nabil Shaath, un des principaux conseillers du président palestinien Mahmoud Abbas. «Nous sommes considérés comme d'autres , avec des droits civils et religieux mais pas de droits politiques.»

Pour les Palestiniens, la Grande-Bretagne -puissance mandataire de 1920 à 1948- n'a pas réussi à tenir ses engagements.

Lors de la guerre entourant la création d'Israël, 750'000 Palestiniens ont été expulsés ou ont fui leurs foyers.

Deux décennies plus tard, pendant la guerre des Six-Jours (1967), Israël a notamment pris la Cisjordanie, qu'il occupe toujours, et Jérusalem-Est, qu'il occupe et a annexé mais que les Palestiniens revendiquent comme capitale de leur futur Etat. Aujourd'hui, la poursuite de la construction de colonies de peuplement israéliennes en Cisjordanie amoindrit les espoirs d'une solution à deux Etats.

(ats)

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