Football«La défaite face à l'Ukraine, je ne m'en remettrai jamais»
A 33?ans, Ludovic Magnin a annoncé qu'il rangeait ses crampons. Il revient sur sa carrière et explique «le signe du destin» qui l'a poussé à dire stop.
- par
- Florian Müller
«Il fallait sortir le chat du sac!» Pour changer, Ludovic Magnin fait du «Ludo» Magnin. Le Vaudois vient de surprendre son monde en annonçant la fin de sa prolifique carrière, une des plus belles du football romand, par une de ces tirades qui le trahissent si bien.
Le signe du destin
La «grande gueule» va s'en aller pour de bon, la faute à des performances en baisse, à une condition physique en déliquescence, mais surtout à un gros clin d'œil du destin. «Lorsque j'ai vu le tirage de la Coupe de Suisse, j'ai tout de suite compris qu'il s'agissait d'un formidable signe du destin, explique Ludo avec l'enthousiasme d'un gamin. Echallens, c'est le club où j'ai fait toutes mes classes de juniors, où je me rendais à vélo à l'entraînement. Pouvoir jouer mon dernier match sur le terrain des Trois-Sapins, je ne pouvais rêver mieux comme épilogue à ma carrière.» Encore faudra-t-il être prêt le dimanche 16 septembre. «Croyez-moi, je le serai», lance encore Magnin, qui se reconvertira en tant que coach assistant dans la relève zurichoise, dans un élan solennel.
Si sa fin de carrière au FC Zurich n'a pas été à la hauteur de son extraordinaire parcours — il a d'abord été barré par Ricardo Rodriguez avant d'enchaîner les blessures — il n'en pose pas moins un regard enchanté sur le passé. Rien de plus normal. Son palmarès est remarquable: deux titres de champion d'Allemagne avec le Werder Brême (2004) et le VfB Stuttgart en 2007. «La fête qui avait suivi le titre avec Stuttgart reste le plus beau souvenir de ma carrière. Le défilé dans la ville, avec mon copain Marco Streller, c'était exceptionnel.»
Qui dit Magnin, dit surtout équipe de Suisse. Pilier de l'ère Köbi Kuhn (62 sélections), il a marqué le public par son attitude positive et sa hargne hors du commun. «Lorsque je repense au Mondial 2006 en Allemagne, je me souviens de la formidable équipe que l'on avait. Une vraie bande de barjots, et moi, j'ai toujours eu besoin de ça pour m'exprimer pleinement.»
Pour boucler la boucle
Très vite pourtant, sa voix se voile, le ton perd de son enjouement caractéristique. «Le huitième de finale perdu face à l'Ukraine, je ne m'en remettrai jamais. Je ne digérerai jamais d'avoir été éliminé sans encaisser le moindre but. Ça me restera toujours en travers de la gorge. Le retour en car, où toute l'équipe pleurait, restera pour toujours gravé en moi.»
A n'en pas douter, la fête que lui réservera Echallens lui mettra définitivement du baume au cœur. La boucle sera bouclée, mais lui ne la bouclera jamais. Et personne ne saurait lui en vouloir.