ESPAGNELa droite au pouvoir fait face à un scandale de corruption
Des centaines de personnes ont manifesté vendredi soir à Madrid contre la corruption. Elles ont exigé la démission de Mariano Rajoy. Des responsables du Parti populaire auraient reçu des salaires non-déclarés.

Des manifestants dans les rues de Madrid, le 18 janvier 2013.
Aux cris de «Ce président est un délinquant», «Démission», les manifestants portaient des pancartes où était écrit «Voler est un délit, seulement pour les pauvres». Les manifestants se sont regroupés aux abords des bâtiments du PP, le parti de Mariano Rajoy, le président du gouvernement.
L'immeuble était protégé par des fourgons de police et des barrières qui tenaient à distance les manifestants, rassemblés via les réseaux sociaux à l'appel de la mouvance des indignés.
«On coupe les salaires de ceux qui gagnent mille euros, et eux, ils gardent leurs privilèges. C'est révoltant», lançait un fonctionnaire de 48 ans du ministère de la Justice qui, comme ses collègues, a vu son salaire amputé par les mesures de rigueur.
Quelques heures plus tôt, la numéro deux du PP, au pouvoir à Madrid et dans la plupart des puissantes régions espagnoles, Maria Dolores de Cospedal, avait nié «catégoriquement» que des responsables de son parti aient pu toucher sous sa direction des salaires non-déclarés, provenant notamment d'entreprises privées, comme l'affirme le journal espagnol de centre-droit «El Mundo».
Elle a ajouté ne pas être «au courant que cela ce soit produit avant» sa nomination à ce poste en 2008 par Mariano Rajoy.
Compte en Suisse
Citant «cinq sources fiables issues des directions successives du parti», «El Mundo» affirme que l'ancien gérant puis trésorier du PP a distribué pendant deux décennies des enveloppes contenant entre 5000 et 15'000 euros à des dirigeants, en complément de leurs salaires officiels. L'ancien gérant est par ailleurs mis en cause dans une affaire qui avait éclaboussé en 2009 la droite espagnole.
«Rajoy, qui, selon des sources du PP n'a jamais touché ces compléments de salaire, avait ordonné au gérant en question de mettre fin à cette pratique en 2009», poursuit «El Mundo», qui qualifie cette affaire de «bombe atomique» pour le parti.
«L'argent provenait de commissions perçues auprès d'entreprises de construction, de sociétés d'assurances et de donations anonymes», explique le journal. Les bénéficiaires étaient des «secrétaires exécutifs, des élus et autres membres de l'appareil».
La publication de cette information intervient après l'annonce mercredi par la presse espagnole, citant une enquête judiciaire, que le trésorier avait eu, «avec d'autres personnes», jusqu'en 2009 un compte en Suisse doté de 22 millions d'euros.
Des explications
«Les comptes du PP sont clairs, transparents et inspectés par la Cour des comptes», a ajouté la numéro deux du PP vendredi. «Vous appartenez à un grand parti qui défend la décence et où celui qui fait quelque chose (de mal) le paie», a martelé Mme de Cospedal.
Malgré ses explications, l'information provoquait de nombreuses réactions et l'indignation sur les réseaux sociaux, où étaient relayés des appels à manifester dans de nombreuses villes.
«Monsieur Rajoy doit donner des explications immédiatement», a lancé le chef de file de l'opposition socialiste, Alfredo Perez Rubalcaba.
Autre cible des manifestants: le président de droite de la région de Madrid, Ignacio Gonzalez, après la révélation d'une enquête de la justice sur les conditions d'acquisition d'un duplex de luxe mis à sa disposition dans la station balnéaire de Marbella.