Virage: La droite bouscule le Parlement

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VirageLa droite bouscule le Parlement

Grands vainqueurs, l'UDC et le PLR mettent la pression sur la Berne fédérale. Surtout sur le siège d'Eveline Widmer-Schlumpf.

par
Eric Felley
Ce résultat met le groupe UDC-PLR à 98 voix pour le Conseil national. Avec les deux membres de la Lega et l'élu du MCG, la droite obtient une majorité absolue à la Chambre du peuple (200 élus).

Ce résultat met le groupe UDC-PLR à 98 voix pour le Conseil national. Avec les deux membres de la Lega et l'élu du MCG, la droite obtient une majorité absolue à la Chambre du peuple (200 élus).

Ben

Ce fut la chronique d'une victoire annoncée… Hier soir, selon les projections de la RTS, l'UDC pouvait capitaliser un gain de onze sièges au Conseil national, totalisant 29,5% de l'électorat. Le PLR comptait, lui, trois sièges supplémentaires. Une progression sensible pour les deux partis (2,9% et 1,4%), avec un gain maximum de sièges.

S'il se confirme, ce résultat mettrait le groupe UDC-PLR à 98 voix pour le Conseil national. Avec les deux membres de la Lega et l'élu du MCG, la droite obtient une majorité absolue à la Chambre du peuple (200 élus).

La Suisse romande aussi

A gauche et au centre, ce sont les partis aux couleurs écologistes qui essuient de lourdes pertes. Les Verts sont passés de 15 à 10 élus et les Vert'libéraux sont passés de 12 à 6. Le PDC et le PS perdent respectivement un et deux sièges dans la bataille. Quant au PBD, le petit parti de la conseillère fédérale grisonne, Eveline Widmer-Schlumpf, il a sauvé huit de ses neuf sièges.

La Suisse romande a connu aussi son virage à droite au détriment du PS et des Verts. L'UDC gagne un siège en Valais et un autre à Fribourg. Le PLR gagne un siège à Genève, mais en perd un à Neuchâtel.

Le conseiller national Guy Parmelin (UDC/VD) admet que le contexte de l'immigration a joué un rôle important dans ces élections: «J'ai beaucoup ressenti durant la campagne l'inquiétude de la population dans le domaine de l'asile. Mais la campagne a été claire aussi sur d'autres sujets, comme le fait que nous ne voulons pas de nouvelles taxes ou sur l'Europe.» Le politologue Oscar Mazzoleni, professeur à l'Université de Lausanne, constate aussi que la campagne de l'UDC avait surtout été moins agressive qu'en 2011, où elle avait perdu: «Plutôt que stigmatiser les moutons noirs, elle a donné une image plus acceptable avec son slogan «Welcome to UDC.»

Hier soir, le président de l'UDC, Toni Brunner, a tout de suite réaffirmé la volonté de son parti d'avoir un deuxième siège lors de la réélection du Conseil fédéral le 9 décembre: «Il est important de prendre en compte le vote du peuple suisse de ce dimanche.» Il a été soutenu par son homologue du PLR, Philipp Müller. Mais celui-ci a posé des conditions quant à une candidature UDC. «Que le candidat respecte les accords bilatéraux, le droit international impératif et la Convention des droits de l'homme.» Pour trouver ce fameux candidat, Toni Brunner a relancé ses sections cantonales pour présenter une, voire deux personnes le 9 décembre.

Que décidera Widmer-Schlumpf?

Le combat est d'ores et déjà lancé, même si Eveline Widmer-Schlumpf n'a pas encore fait part de ses intentions. En face, le président du PS, Christian Levrat, dénonce la gourmandise de l'UDC et du PLR: «Si on additionne leur force, ils font 44,5% de l'électorat. Il y a une majorité en Suisse qui refuse que la politique du Conseil fédéral se fasse dans les officines de l'UDC et du PLR.» Le Fribourgeois rappelle aussi que le Conseil des Etats est moins marqué à droite que le National. «L'UDC y est à son point le plus bas.»

Le président du PDC, Christophe Darbellay, apportera son soutien: «Un Conseil fédéral qui a fait correctement son travail ne devrait pas être démis.» Mais, jusqu'au 9 décembre, les ténors du PDC, du PBD et du PS, avec l'aide de ce qu'il reste des écologistes, devront calculer au plus serré. «Globalement, on revient à la configuration de 2007, a rappelé Christian Levrat. Cela n'avait pas été une législature impossible. On avait réussi à changer le Conseil fédéral.» Eveline Widmer-Schlumpf avait alors été élue avec 125 voix contre 115 à Christoph Blocher.

De très clairs messages

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