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Conflit israélo-palestinienLa droite israélienne débat de l'annexion de la Cisjordanie

Trois partis de la droite israélienne, dont le Likoud de Benjamin Netanyahu, envisagent l'annexion de la Cisjordanie, un mois à peine après le vote de l'ONU pour un Etat de Palestine sur la base des lignes de 1967.

A deux semaines des élections, plusieurs députés du Likoud pressent Benjamin Netanyahu d'adopter le «rapport Lévy», qui propose, entre autres, de légaliser les colonies sauvages.

A deux semaines des élections, plusieurs députés du Likoud pressent Benjamin Netanyahu d'adopter le «rapport Lévy», qui propose, entre autres, de légaliser les colonies sauvages.

Reuters

«Nous n'avons pas de partenaires côté palestinien pour faire la paix alors il faut réfléchir à une alternative», a dit le ministre de l'Information Youli Edelstein, en marge d'un colloque sur ce sujet organisé mardi soir à Jérusalem. Des candidats des trois partis ont participé à cette réunion devant un public de 600 personnes, en majorité des colons de Cisjordanie.

Plusieurs candidats à la députation du Likoud - dont la liste est très marquée à droite - partagent l'avis de Youli Edelstein, un proche de Benjamin Netanyahu. «Notre droit historique sur cette région doit être concrétisé par l'application de la loi israélienne sur la Judée-Samarie (Cisjordanie, NDLR)», a ainsi plaidé l'actuel député Yariv Levin, actuel député du parti.

Thème jusqu'ici minoritaire

Quatre candidats du Likoud ont pris la parole pour défendre ce programme lors du colloque qui a abordé «les conséquences de l'application de la souveraineté israélienne en Cisjordanie sur la communauté internationale», «les réactions du monde arabe à l'annexion» et «le statut des Arabes de Judée-Samarie après l'annexion».

Ces thèmes, qui n'intéressaient qu'une frange minoritaire de l'extrême-droite, attirent dans cette campagne l'électorat du Likoud et du Foyer juif, le parti nationaliste religieux, deux formations qui n'ont jamais évoqué cette question dans leur programme.

«Personne n'en parlait il y a cinq ans et maintenant, ça peut devenir un sujet de débat à la prochaine session parlementaire», se félicite Yehouda Glick, l'un des organisateurs.

Au moins 60% de la Cisjordanie

Naftali Bennett, le nouveau dirigeant du Foyer juif, diffuse sur les réseaux sociaux et sur internet un «Plan Bennett», consistant à annexer la zone C de Cisjordanie, soit plus de 60% de ce territoire palestinien occupé, où Israël maintient son contrôle militaire et civil.

A l'extrême-droite, le parti Otzma Leisraël veut annexer toute la Cisjordanie. «Nous présenterons une proposition de projet de loi d'annexion de toute la Judée-Samarie et de la vallée du Jourdain à la prochaine Knesset», explique sa tête de liste Arié Eldad.

Pour le Likoudnik Youli Edelstein, «il y a beaucoup d'étapes nécessaires avant l'annexion, car le faire ne réglera pas le problème de ces territoires».

«Nous devons créer une atmosphère au sein de la communauté internationale pour faire passer petit à petit cette annexion», explique-t-il.

Vote des colons essentiel

Selon les organisateurs du meeting, 73% des personnes qui votent pour l'un de ces trois partis sont en faveur de l'annexion.

Le vote des quelque 340'000 colons est devenu un enjeu politique de cette campagne électorale, qui devrait se jouer à droite. Selon une enquête du Foyer juif, la majorité des colons voterait pour lui, alors qu'en 2009, le Likoud avait obtenu le plus grand nombre de voix dans les implantations de Cisjordanie.

«Rapport Lévy»

A deux semaines des élections, plusieurs députés du Likoud pressent Benjamin Netanyahu d'adopter le «rapport Lévy» sur la colonisation afin d'endiguer la perte d'électeurs au profit de partis encore plus à droite.

Ce rapport remis en juillet propose de légaliser les colonies sauvages et de lever les obstacles juridiques à l'extension des autres implantations, au motif qu'Israël ne serait pas une «puissance militaire occupante» et que le droit international n'interdirait pas la colonisation, un avis contraire à celui de la communauté internationale.

«Adopter ce texte est le meilleur moyen d'affirmer à la face du monde notre droit sur cette terre», plaide Naftali Bennett, dont le parti obtiendrait, selon les sondages, 14 députés, contre trois dans le Parlement actuel.

(ats/afp)

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