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CriseLa Fed met en garde les banques contre leurs pratiques

William Dudley, le président de la Réserve fédérale de New York, estime que les grandes banques doivent modifier leur comportement pour survivre. Il propose de modifier les modes de rémunération.

Keystone

Un membre éminent de la Réserve fédérale (Fed) a mis en garde lundi 20 octobre les grandes banques contre leur «culture» de mauvais agissements ayant conduit à la crise. Il a plaidé pour une refonte des modes de rémunération afin d'éviter leur démantèlement.

«Je vois un problème de culture», a dénoncé devant un parterre de grands banquiers à New York William Dudley, le président de la Fed de New York. Par «culture», il dit entendre la multiplication d'agissements et de pratiques ne tenant pas compte ni des normes ni de la régulation, selon son discours mis en ligne sur Internet.

Pour preuve, avance M. Dudley, les litiges liés aux pratiques des banques se multiplient, ce qui montre selon lui, que les établissements financiers ne font pas assez pour corriger les errements passés. «Ces dernières années, il y a eu des événements témoignant de mauvais comportements professionnels, de manquements éthiques et de manquements aux règles de la part des institutions financières», a poursuivi le responsable.

Fautifs pas licenciés

«Depuis 2008, les amendes imposées aux plus grandes banques ont dépassé les 100 milliards de dollars», calcule-t-il. Il souligne qu'il aurait voulu voir les employés fautifs licenciés.

Les pratiques des grandes banques américaines notamment concernant les crédits immobiliers à risque «subprime» sont à l'origine de la plus grave crise financière depuis 1929. A l'exception de quelques courtiers, aucun grand nom de Wall Street n'a été inquiété, alors que les pouvoirs publics ont dû venir à la rescousse de certains fleurons.

Proposition de réformes

Comme solution, le responsable propose une réforme des modes de rémunération aussi bien des patrons que des employés. Il envisage par exemple l'idée d'une «garantie de bonne exécution» pour les hauts dirigeants.

Celle-ci fonctionnerait comme une part de rémunération différée. En cas d'amende imposée par les régulateurs, une partie de la rémunération du patron serait amputée, de sorte qu'il partagerait la facture avec l'actionnaire et le dirigeant.

«En d'autres termes, en cas de grosse amende, les 'preneurs de gros risques' en paieront le prix avec 'garantie de bonne exécution'», plaide M. Dudley. Cet arrangement forcerait le haut management à tout faire pour traquer les mauvais agissements, espère-t-il.

Ces réformes «nécessaires», fait valoir William Dudley, ont pour but de regagner la confiance du public. En l'absence de changements, de plus en plus d'appels se feront pour le démantèlement de banques, estime le responsable.

(ats)

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