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FootballLa Fifa au Brésil: électricité et lacrymo dans l'air (REPERES)

RIO DE JANEIRO, 01 juil 2013 (AFP) - Des retards dans les travaux d'infrastructures aux gaz lacrymogènes ressentis jusque dans le Maracana le jour de la finale de la Coupe des Confédérations, en passant par la crise entre le Brésil et le secrétaire général de la Fifa Jérôme Valcke, la Fédération internationale a connu bien des soubresauts au pays du "futebol".

Octobre 2007: le Brésil, candidat unique, est désigné organisateur du Mondial-2014. Mars 2011: première salve. le président de la Fifa tire la sonnette d'alarme concernant les stades: "Ca n'avance pas, ça n'avance pas très, très vite", dit Joseph Blatter, qui estime que le Brésil "est en retard" par rapport à ce qu'était l'Afrique du Sud à trois ans de son Mondial-2010. Novembre 2011: première piqûre de rappel. Jérôme Valcke, interlocuteur principal du Brésil, exhorte les autorités du pays à accélérer le rythme dans les travaux d'infrastructures. Mars-avril 2012: la crise. Devant la presse à Londres, Valcke demande au Brésil de "se mettre un coup de pied aux fesses" et d'avancer dans les infrastructures. Brasilia est courroucé et demande à la Fifa de changer d'interlocuteur. Une commission du Sénat annule une audition de Valcke et son président lance même: "Si cela dépendait de moi, il recevrait un coup de pied dans ses parties charnues". Un des principaux conseillers de la présidente Dilma Rousseff qualifie le Français de "vaurien". Celui-ci juge la réaction du Brésil "un peu puérile". La Fifa doit néanmoins faire amende honorable: son secrétaire général regrette que ses propos aient été mal interprétés, et le président Blatter présente ses excuses au gouvernement brésilien. Deux anciennes gloires de la Seleçao, Romario (devenu député) et Ronaldo (membre du comité d'organisation), regrettent la forme employée par Valcke mais le défendent sur le fond. Juin 2012: la guéguerre de la bière. La loi générale sur la Coupe du monde, réclamée avec insistance par la Fifa depuis 2007, est promulguée par la présidente. Un point achoppait: la vente d'alcool dans le stade, interdite au Brésil mais réclamée par la Fifa, dont l'un des plus grands sponsors est un brasseur américain. Elle sera autorisée durant la Coupe des Confédérations et le Mondial, mais le texte frustre la Fifa, qui doit négocier avec les Etats fédérés, libres d'appliquer ou non cette loi. Ce texte prévoit également des réductions de prix pour certaines catégories (étudiants, seniors et bénéficiaires de programmes sociaux), contre le souhait initial de la Fifa. Décembre 2012: questions de sécurité. La finale retour de la Coupe sud-américaine dégénère à Sao Paulo (bagarre dans les vestiaires, police brésilienne accusée de violences, match arrêté à la mi-temps). "Ce qui s'est passé est un avertissement pour les organisateurs de la Coupe du monde", prévient Blatter. Juin 2012: Maracana en doute. Imbroglio à quelques jours du match amical Brésil-Angleterre prévu dans l'enceinte mythique de Rio de Janeiro, rénovée: une série de problèmes, de natures sécuritaire et juridique, remettent en cause l'organisation du match, qui aura finalement bien lieu au Maracana. Une situation qui a procuré une certaine "angoisse" à Valcke. Juin 2012: marches populaires, Fifa impopulaire. Le Brésil est secoué par des manifestations qui culminent le 20 juin avec plus d'un million de protestataires dans les rues des principales villes. La première revendication, le rejet du renchérissement dans les transports publics, tourne à la fronde sociale assortie de critiques sur les quelque 11 milliards d'euros investis par le gouvernement pour organiser Coupes des Confédérations et du monde. La Fifa cristallise certaines rancoeurs locales (expropriations, commerce limité aux abords des stades etc.), et les propos de Blatter n'arrangent rien quand il dit le 18 juin que "le football est plus fort que l'insatisfaction des gens". La Fifa est même symboliquement visée dans les manifestations ("Fifa go home!"), ainsi que physiquement quand deux de ses minibus sont caillassés devant son hôtel, à Salvador. "J'espère que cela ne durera pas jusqu'en 2014, soupire Valcke. Le Brésil devra résoudre ce problème. La Fifa n'a rien à voir avec cela". Dimanche pour la finale, le public du Maracana siffle Blatter lorsqu'il apparaît à l'écran et sent l'odeur des gaz lacrymogènes utilisés pour repousser des manifestants radicaux qui tentaient de forcer le dernier barrage autour du stade en jetant des pierres et des cocktails Molotov sur les forces de l'ordre. ybl/ol/dhe

(AFP)

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