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FranceLa fin de l'état de grâce pour Hollande

Hausse du chômage, flambée du prix des carburants, crise européenne... Dans un contexte de rentrée particulièrement difficile, la popularité du président François Hollande comme celle de son Premier ministre Jean-Marc Ayrault sont en chute libre.

AFP

Trois mois et demi après l'investiture de François Hollande, les instituts de sondage Ipsos, Ifop et CSA notent tous une forte dégradation de la popularité de l'exécutif. Dans un sondage Ipsos pour Le Point rendu public lundi, la cote du chef de l'Etat passe même sous la barre des 50%.

Une situation que Nicolas Sarkozy n'avait vécue, lors du précédent quinquennat, qu'en janvier 2008, soit huit mois après son arrivée au pouvoir.

"Il y a une attente très forte, parfois même une impatience, et je la comprends", a reconnu le Premier ministre Jean-Marc Ayrault, lundi soir sur France-2, assurant être engagé avec le gouvernement dans un "combat". "Nous menons une bataille sur deux fronts (...), c'est-à-dire celui de l'urgence et celui des réformes en profondeur", a-t-il affirmé.

"Tout ce passe comme si, face à l'inquiétude et aux attentes de l'opinion, l'exécutif n'avait pas suffisamment donné le sentiment de prendre la situation à bras le corps et d'avoir une stratégie forte et lisible pour répondre à la crise. Parallèlement, les récents différends entre ministres ont sans doute également nui à l'image du gouvernement", analyse l'institut Ipsos, dans un communiqué.

«L'attente», «la frustration» et «la demande»

Frédéric Dabi, directeur général adjoint de l'Ifop, observe lui aussi cette "érosion" de la cote de popularité du gouvernement. Il souligne la "mobilisation déjà très forte des sympathisants de droite contre Hollande et Ayrault", alors qu'en 2007, Nicolas Sarkozy avait bénéficié plus longtemps de la "bienveillance" d'une partie de l'électorat de gauche et du centre qui avait voté pour lui.

Les sympathisants de la majorité restent quant à eux globalement favorables au gouvernement, mais sont dans "l'attente", "la frustration" et "la demande", constate-t-il, notamment en matière de pouvoir d'achat et de vie quotidienne, et sur l'accomplissement des promesses électorales.

Frédéric Dabi note ainsi un "vrai clivage gauche-droite sur la perception de l'action de l'exécutif". L'électorat de droite juge le gouvernement comme étant dans l'"inaction", se contentant de "défaire ce qu'a fait Nicolas Sarkozy".

Lors du conseil des ministres de rentrée le 22 août, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a présenté la feuille de route du gouvernement et mis en avant les promesses électorales déjà tenues, comme la revalorisation de 25% de l'allocation de rentrée scolaire.

Mauvais sondages

Reste que certaines mesures apparaissent comme en demi-teinte, le gouvernement arguant de ses faibles marges de manoeuvre. Ainsi, le blocage des prix du carburant, idée suggérée par François Hollande pendant sa campagne, s'est transformée depuis en un dispositif de baisse de 6 centimes maximum par litre. De même, le plafond du livret A n'a finalement pas été doublé, mais sera relevé de 50% en deux temps d'ici la fin de l'année.

David Assouline, porte-parole du Parti socialiste, pense malgré tout que les efforts du gouvernement vont "porter leurs fruits". Pour expliquer les mauvais sondages, le sénateur de Paris met en avant la série de "signes mauvais" arrivés durant l'été concernant la croissance, la santé économique de l'Europe, ainsi que la succession de plans sociaux, tout en soulignant les "besoins urgents" de certains Français "qui sont en situation très, très difficile". "En termes de visibilité de l'action politique, ce sont des choses qui à chaque fois frappent fort", remarque-t-il.

Le porte-parole du PS mise sur la "pédagogie". "Dans une telle situation, il faut expliquer" l'action gouvernementale (...) On doit assumer le fait qu'on n'est pas là pour plaire dans l'instant par de la communication", explique-t-il.

(AP)

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