Paléo Festival Nyon«La gestion passe avant la sécurité»
Comment se gère une foule devant la Grande Scène? Explications avec Pascal Viot, membre du bureau permanent du Paléo et chercheur.
- par
- Laurent Flückiger

«Le vrai risque c'est la densité», explique Pascal Viot, coordinateur accueil et sécurité.
Roskilde au Danemark, en 2000, concert de Pearl Jam: neuf personnes meurent étouffées par la foule. Le pire cauchemar pour un open air. Comment éviter qu'un tel drame se produise au Paléo? Un dispositif est en place et c'est le département accueil et sécurité qui le coordonne. A sa tête, Pascal Viot, membre du bureau permanent et par ailleurs chercheur à l'EPFL en sociologie urbaine. «La gestion de foule et plus importante que la sécurité, explique-t-il. En Angleterre, ils l'ont compris: ça permet d'éviter plein de problèmes. Au Paléo, on a commencé à en faire une priorité il y a dix ans.»
Il s'agit avant tout d'anticiper. Exemple avec Robbie Williams, lundi. Pascal Viot est allé le voir en amont à Pink Pop, aux Pays-Bas, pour observer le personnage et son entourage mais aussi établir le profil des fans. «Robbie est une vraie star, dit-il. On a rarement eu quelqu'un de cette importance au Paléo.»
Le vrai risque est la densité
Il faut accueillir les festivaliers qui viennent tôt (50 en fin de matinée), en prendre soin quand ils sont devant les barrières de la Grande Scène, gérer des flux de véhicules qui arrivent au même moment. «Ensuite, il y a le concert. Est-ce que ces gens vont danser? Créer des mouvements de foule? Le vrai risque c'est la densité et donc l'écrasement. Les catastrophes qu'il y a eues sont dues à ça. Et pas à un comportement volontaire.» Des caméras permettent, d'ailleurs, d'observer la foule. Au final, lundi, peu de densité. Cela dû au profil du spectateur, moins jeune et moins fan que celui de Stromae l'an dernier, et aux fortes températures. Pas de problème, donc.
Et s'il y en a, quelle est la procédure pour stopper un concert? Différents messages s'affichent sur les écrans géants. Il y a le carton jaune: arrêt mais provisoire. Et le carton rouge: un problème grave, arrêt définitif. Trois personnes décident: un représentant de l'artiste, un de la sécurité de la scène et un de la technique de la scène. La procédure n'a pourtant jamais été lancée jusqu'à présent au Paléo. Mais si ça devait être le cas, tout dépend encore de l'artiste. «Avec Prodigy, on aurait eu de la peine à les convaincre d'arrêter le concert!» reconnaît Pascal Viot. Il n'empêche: la tendance est que les artistes arrivent désormais avec leur propre procédure. Preuve que la gestion de foule est désormais devenue une priorité.