Pays-Bas: La Haye interdit au ministre turc d'atterrir

Actualisé

Pays-BasLa Haye interdit au ministre turc d'atterrir

Les tensions autour de la campagne pro-Erdogan menée par le gouvernement turc ont tourné à la crise diplomatique.

Mevlut Cavusoglu.

Mevlut Cavusoglu.

AFP

Les Pays-Bas ont interdit samedi l'atterrissage du vol du ministre turc des Affaires étrangères. Mevlüt Cavusoglu devait se rendre à Rotterdam pour s'exprimer dans le cadre de la campagne en faveur du référendum constitutionnel du 16 avril en Turquie.

La décision, d'abord annoncée par les médias turcs, a été confirmée par le gouvernement de Mark Rutte. Les autorités néerlandaises ont estimé que la venue du chef de la diplomatie turque constituait une menace à l'ordre public.

Mevlüt Cavusoglu comptait se rendre à Rotterdam malgré la décision des autorités néerlandaises de lui interdire d'y faire campagne pour le référendum du 16 avril en Turquie. Le maire de Rotterdam avait cependant assuré vendredi que le ministre turc était libre de venir dans sa ville.

Menaces de sanctions

Samedi matin, sur l'antenne de CNN Turk, le chef de la diplomatie turque a menacé les Pays-Bas de sanctions politiques et économiques s'il se voyait refuser l'entrée sur le territoire néerlandais. Ces propos semblent avoir précipité les choses.

Sur sa page Facebook, Mark Rutte a estimé que Mevlüt Cavusoglu avait saboté les négociations sur sa venue dans le pays en appelant ses partisans à un large rassemblement public. Et la menace de sanctions brandie par le chef de la diplomatie turque a «rendu impossible une solution raisonnable», a ajouté le chef du gouvernement néerlandais.

«C'est pourquoi les Pays-Bas ont fait savoir qu'ils retiraient les droits d'atterrissage» de l'appareil du ministre turc. Après l'annulation d'un premier meeting, public celui-là, M. Cavusoglu devait s'exprimer samedi soir devant des invités au consulat turc à Rotterdam.

Mesures de sécurité renforcées

Jeudi, le ministre néerlandais des Affaires étrangères, Bert Koenders, avait fait savoir que son gouvernement ne souhaitait pas la venue de son homologue turc dans le cadre d'une campagne politique. Mais vendredi, le Premier ministre néerlandais Mark Rutte jugeait impossible d'empêcher un événement dans une mission diplomatique assimilée à un territoire étranger.

Il avait même annoncé vendredi soir sur la chaîne NOS que les mesures de sécurité seraient renforcées autour du consulat turc à Rotterdam.

Pas d'interdiction en Suisse

Plusieurs meetings de campagne en présence de membres du parti AKP au pouvoir en Turquie ont été annulés ces derniers jours aux Pays-Bas, mais aussi en Allemagne, en Autriche, ce qui a provoqué la colère d'Ankara.

En Suisse, malgré les inquiétudes de certains cantons, le Conseil fédéral a estimé jeudi qu'il n'y a pas lieu d'interdire la venue de Mevlüt Cavusoglu, ni de l'empêcher de s'exprimer lors d'un meeting. Un hôtel zurichois a toutefois annulé la réunion prévue dimanche en ses locaux, réunion lors de laquelle Mevlüt Cavusoglu devait s'exprimer.

Erdogan en colère

Le président Recep Tayyip Erdogan a menacé samedi de riposter à l'interdiction par les Pays-Bas de la visite du ministre turc des Affaires étrangères, évoquant un relent de nazime dans l'attitude de La Haye.

«Ce sont les vestiges du nazisme, ce sont des fascistes», a déclaré le président turc lors d'un rassemblement à Istanbul. «Vous pouvez interdire à notre ministre des Affaires étrangères de voler, mais à partir de maintenant voyons comment vos vols vont atterrir en Turquie».

(ats)

Ton opinion