Fédérales 2015La législature s'annonce difficile pour les partis verts
Mis à mal dans les urnes ce dimanche, les Verts et les Vert'libéraux vont devoir batailler ferme pour l'environnement ces 4 prochaines années.

Pour la présidente des Verts, la Vaudoise Adèle Thorens, c'est l'environnement qui est le grand perdant des élections de ce 18 octobre.
L'environnement est le grand perdant des élections fédérales, estime la coprésidente des Verts Adèle Thorens. La législature s'annonce difficile pour les Verts et les Vert'libéraux, qui devront collaborer sur certains dossiers. Mais elle pourrait aussi être une occasion de se relancer.
La combinaison franc fort - crise migratoire a joué en défaveur des partis écologistes, affirme à l'ats la conseillère nationale vaudoise Adèle Thorens. Même avis chez sa collègue Vert'libérale Isabelle Chevalley. «En 2011, nous avions profité de l'effet Fukushima, cette fois, c'est l'UDC qui a profité des événements.»
Pour le politologue Werner Seitz, interrogé par l'ats, l'explication ne suffit pas. «La conjoncture change tout le temps, on ne peut pas uniquement s'appuyer sur elle pour analyser une défaite ou une victoire.»
Le parti Vert'libéral (PVL) a connu une vague de succès entre 2011 et 2014, rappelle-t-il. L'échec retentissant de son initiative de «taxe sur l'énergie contre TVA» a constitué le premier frein. S'en sont suivies des défaites électorales à Bâle et à Zurich.
Gérer la défaite
L'image de gagnant du parti s'en est trouvée écornée, poursuit M. Seitz. Il lui faudra désormais «apprendre à gérer la défaite.»
La situation est différente pour les Verts, selon lui. Le parti a une plus longue histoire. Il a déjà connu des traversées du désert, notamment dans les années 1990, avant de revenir en force.
La prochaine législature s'annonce quoiqu'il en soit difficile pour les thématiques écologiques, avec la droitisation du Conseil national. «Les fronts vont se durcir sur ces questions, il sera difficile d'obtenir des consensus», craint Isabelle Chevalley.
A la relance
Mais cette situation «pourrait aussi constituer une chance pour les partis écologistes de se relancer», nuance le politologue.
Si le Parlement bloque ou rabote trop la stratégie énergétique de Doris Leuthard, notamment son volet nucléaire, les Verts ont déjà annoncé vouloir maintenir leur initiative «Sortir du nucléaire». Cela leur permettrait de revenir à leurs fondamentaux, explique M. Seitz.
Préoccupations vertes en retrait
En attendant, les préoccupations environnementales sont désormais très loin d'être parmi les plus importantes pour les Suisses, regrette Mme Thorens. «La stratégie énergétique est en cours de traitement au Parlement, pourtant les gens ont l'impression que le dossier est réglé.»
Les Suisses sont sensibilisés à l'écologie dans leur quotidien. «Ils éteignent la lumière en sortant d'une pièce. Mais si le Parlement décide de prolonger la durée de vie des centrales nucléaires, cela ne servira pas à grand-chose», image encore la coprésidente des Verts.
Signal fort
Interrogée par rapport aux conséquences à tirer pour le pari de cette nouvelle défaite après celle de 2011, Adèle Thorens a déclaré qu'il était trop tôt pour décider quoi que ce soit. La coprésidence, avec Regula Rytz, n'est pour l'instant pas du tout remise en question. Les débriefings vont commencer.
Isabelle Chevalley de son côté, sans remettre en cause la campagne du parti, admet que la perte de cinq sièges est un «signal fort» pour mieux communiquer leurs idées.
Collaborations en vue
Dans une situation aussi difficile, les partis verts doivent «optimiser leurs forces», affirme encore Adèle Thorens. Et cela passera par un travail accru avec les Verts'libéraux, là où c'est possible.
«On a déjà fait un grand pas vers eux en fin de législature, en menant campagne commune sur la vignette autoroutière, les Gripen ou encore l'initiative du PVL sur une taxe énergétique.» Aller plus loin? Cela dépendra d'eux, lance-t-elle encore.
Nous sommes ouverts, c'est clair, a réagi Isabelle Chevalley. On va continuer à collaborer, par exemple sur le dossier du Gothard.