Un monstre en habits de gala: voilà comment, en trois mots, résumer cet incroyable engin qu'est la Mercedes-Benz AMG 63 S. Un monstre parce que, sous son capot immense, se cache un bloc V8 biturbo à la puissance de feu. Du coup, le slogan d'AMG, «Driving Performance», prend tout son sens. Impossible d'imaginer, en voyant cette berline, qu'elle est capable de «ça». «Ça» étant la quinzaine de tours qu'on a avalés, à son volant, sur le très sélectif tracé du Circuito do Algarve à Portimão, dans le sud du Portugal.

Et quand on dit sélectif, c'est bien entendu au sens premier. Sur 4,648 kilomètres, une succession de 15 virages rend ce circuit, par ailleurs très dénivelé, comparable à une sorte de «grand huit» pour voitures de sport. Là, pas question de frime ou d'esbroufe. Il ne suffit pas d'appuyer comme un sourd, pour aller vite en ligne droite. Il faut aussi avoir un châssis irréprochable, une tenue de route au-dessus de la moyenne, des pneus adaptés et, surtout, d'excellents freins. Sinon, c'est «soucis garantis». Voire «petite partie de plage» dans les bacs de graviers… Un juge de paix impitoyable.

Après quatre séries de cinq tours, dont douze rapides, le verdict tombe: la Classe E revisitée est une authentique sportive, conçue pour des performances très exceptionnelles. Mais ce n'est pas une voiture de sport pour autant. Trop lourde pour une utilisation radicale sur circuit, elle se débrouille pourtant mieux que bien des modèles qu'on avait promis comme «sportifs». Mais sa puissance est telle, son accélération si folle que, malheureusement, elle arrive à ses limites quand, à haute vitesse et en appui, son museau cherche désespérément à «tirer» tout droit en entrée de courbe sous l'effet d'inertie de ses 1955 kilos. Les lois de la physique sont impitoyables, même avec les meilleurs ingénieurs…

Mais cette limite, logique, ne doit pas venir ternir les lauriers qu'on peut tresser aux sorciers d'AMG. Ce qu'ils ont réussi à faire d'une berline de luxe est tout simplement remarquable! Soyons clairs: si vous vous trouvez un jour en difficulté, sur route «normale», avec une AMG 63 S, c'est que vous aurez fait une erreur! Parce que l'auto, elle, c'est certain, n'en commettra aucune!

On en a eu la preuve durant l'essai routier qui a précédé – et suivi – nos petits tours rapides: cette «super Classe E» frôle la perfection. Impériale en accélération, on l'a dit, aussi stable qu'un train sur rails, d'une vivacité et d'une précision que son gabarit ne laisserait même pas soupçonner elle se révèle, en outre, être d'un confort largement supérieur à la moyenne. Assise, maintien latéral, isolation phonique: tout est au top.

Et on ne vous parle même pas de l'électronique de sécurité active/passive embarquée. Ni des gadgets haut de gamme en matière de hi-fi ou de connectivité dont ce salon qui lui sert de cockpit est truffé. Du régulateur de vitesse adaptatif intelligent au détecteur de risque de collision, de la surveillance des angles morts à l'assistant de parcage, de la caméra de reconnaissance des panneaux à la détection de piétons, de la conduite assistée aux caméras 360 degrés, vous avez absolument tout. Et même plus. Quant à la sono – pardon le «simili auditorium» signé Burmeister – il délivre un son si incroyable qu'on est presque tenté de l'allumer. Malgré le formidable concerto du V8 en sourdine. C'est dire…

A quoi ou à qui peut-elle bien servir? D'abord et avant tout au passionné de belle mécanique, sensible à des arguments aussi déraisonnables que «puissance brute», «accélération» ou «biturbo». A l'amateur de prestige, d'exception automobile ensuite, qui appréciera le savoir-faire, la qualité et le souci du détail qui imprègnent cette voiture jusqu'au dernier boulon, jusqu'à la plus petite rondelle. A tous ceux enfin – et peut-être surtout – qui auront la possibilité d'exploiter son incroyable potentiel. Sur les autoroutes allemandes, par exemple…