Assises des Bouches-du-RhôneLa mère infanticide ne retournera pas en prison
La cour d'assises a condamné Catherine Guay à cinq ans de prison, dont trois avec sursis et mise à l'épreuve, pour le meurtre de son bébé étranglé, une peine couverte par sa détention provisoire.

Mère de deux enfants, l'accusée qui a été remise en liberté en septembre 2014 après plus de deux ans de détention, demeure ainsi libre à l'issue de ce verdict.
Dix ans de réclusion criminelle avaient été requis contre cette femme décrite par l'avocate générale comme «égocentrique avec une affectivité assez réduite, indifférente aux autres, mue par un désir de libertinage multipliant les rencontres».
La défense a plaidé l'acquittement, les experts n'ayant pu déterminer si le nouveau-né était vivant lors de l'accouchement. «Le meurtre, c'est ôter la vie mais y avait-il une vie?» a ainsi questionné Me Jérôme Piana.
Dans ses aveux, Catherine Guay avait indiqué que l'enfant ne «bougeait pas trop» avant de dire que c'est peut-être elle qui tremblait. «Je lui ai serré le cou mais le bébé n'a pas bougé. Il n'y a pas eu de cris. Il n'était pas en vie, ce n'est pas possible», a-t-elle affirmé aux jurés.
L'avocate générale Martine Assonion a pour sa part considéré que «l'enfant est né viable, un beau bébé robuste», affirmant que sa mère a «prémédité son geste».
«Elle savait qu'elle était enceinte, c'était sa troisième grossesse. Pourquoi n'a-t-elle pas voulu se faire avorter? Pourquoi n'a-t-elle pas envisagé d'accoucher sous X? Elle a envisagé que la seule issue possible, c'était de faire disparaître le bébé. Elle savait qu'elle allait le jeter comme un déchet», a dit l'avocate générale lors de ses réquisitions. Un suivi socio-judiciaire impliquant une obligation de soins avait également été réclamé.
Tout au long des deux jours d'audience, Catherine Guay, le visage animé par des tics, est demeurée mutique, n'apportant pas de réponse aux questions posées, opposant d'interminables silences. Elle a fondu en larmes lorsque les photos de l'identité judiciaire montrant le cadavre du nouveau-né ont été projetées sur les écrans de la cour d'assises. Pour son avocat Me Aurélien Leroux, «elle avait dissimulé sa grossesse par peur de son mari».
Les experts ont écarté le déni de grossesse, et ses avocats ont préféré parler de «dénégation», indiquant: «Elle sait qu'elle est enceinte, mais ne veut pas le savoir.»
Les avocats de la défense ont salué «un verdict humain marqué par la volonté de ne pas renvoyer Mme Guay en prison».