FootballCommentaire: la mission suicide d'Alex Frei a mal fini
La légende du football suisse a pris la porte du FC Bâle ce mardi matin. Un dénouement inéluctable dans un environnement vicié. Un sacré manque de respect, aussi.
- par
- Robin Carrel

Certains diront que c'est ainsi, que c'est le football moderne. Le FC Bâle n'engrange plus les millions de la Champions League et doit trouver d'autres ressources pour tenter de s'auto-financer. Le «trading» de joueurs est le chemin choisi par David Degen et la direction du club rhénan et le sportif semble depuis longtemps être passé au deuxième plan. Au moins. Suivre l'actualité du FCB, c'est passer son temps à scruter les rumeurs de transferts plus que les résultats sur le pré, et ça n'augure jamais rien de bon. Dire qu’il y a une dizaine d’année, cette organisation trouvait la Super League trop petite pour elle et lorgnait une intégration en Bundesliga…
La semaine dernière, j'ai mis RTS2, parce que pour les gens de ma génération, le FC Bâle, ça reste quelque chose. Il jouait en Coupe contre GC et c'était quand même l'affiche opposant les deux équipes de mes premiers émois suisses en Ligue des Champions. Et bien j'ai beau suivre assez régulièrement la chose footballistique et les gazettes, j'ai été surpris par certains noms alignés par le club du Parc St-Jacques. Il faut dire que ce n'est pas simple à suivre, au vu de la masse des mutations dans le coude du Rhin à chaque mercato.
«Viré 221 jours plus tard, sans jamais avoir été mis dans les dispositions nécessaires pour performer à un haut niveau.»
«Mais comment veux-tu entraîner un club comme ça?», me suis-je alors dit à moi-même devant ma télévision. Même au jeu Football Manager, il est impossible d'être ainsi aussi frénétique dans les engagements et les départs. Jugez plutôt: cette saison, Bâle a engagé Riccardo Calafiori, Bradley Fink, Anton Kade, Jean-Kévin Augustin, Marwin Hitz, Arnau Comas, Hugo Vogel, Nils de Mol, Adriano Onyegbule, Sayfallah Ltaief, Mirko Salvi, Hugo Novoa, Andi Zeqiri, Kasim Adams, Andy Diouf, Tim Spycher et Kaly Sène, sans compter les retours de prêt et les prêts convertis en arrivées définitives. En comptant les binationalités, on est à environ quinze passeports différents, en prime! La colonne des départs, elle, est proche de la vingtaine de joueurs. Je suis sûr que si les Bâlois ont organisé un repas d'équipe récemment, certains ont découvert des nouvelles têtes à cette occasion.
La réponse à mon auto-questionnement ci-dessus a été vite réglée ce mardi matin: tu ne peux tout simplement pas. Le FC Bâle était allé chercher Alex Frei à Winterthour l'été dernier, où il était très bien et venait de fêter une promotion surprise dans l'élite. Il l'a viré 221 jours plus tard, sans jamais l'avoir mis dans les dispositions nécessaires pour performer à un haut niveau. Le classement actuel de Super League reflète le travail de ses dirigeants, pas celui de son entraîneur.
Et peut-on, finalement, faire confiance à ses chefs, dans le FC Bâle actuel? En décembre 2021, Guillermo Abascal avait été nommé «entraîneur spécifique», dans le staff de Patrick Rahmen. Il l'avait remplacé comme «titulaire» deux mois plus tard. En novembre dernier, c'est Heiko Vogel qui avait été appelé pour le poste de directeur sportif. «La mission de Vogel sera d'accompagner la première équipe dans son travail quotidien, d'être en soutien de l'entraîneur Alex Frei et de son staff», était-il alors écrit. Trois mois plus tard, c'est lui le coach par intérim. Un joli résumé de la vue à très court terme d’un conseil d’administration dépassé.