Football: La mort du «Sport-Toto», une aubaine pour la France

Publié

FootballLa mort du «Sport-Toto», une aubaine pour la France

Les Romands sont de plus en plus nombreux à se déplacer en France voisine pour valider leurs grilles de pronostics sportifs. Témoignages.

par
Blaise Craviolini
La grille de ce samedi du «Loto Foot 15» est agrémentée d'un pactole de 500'000 euros. Alléchant!

La grille de ce samedi du «Loto Foot 15» est agrémentée d'un pactole de 500'000 euros. Alléchant!

Comme chaque samedi matin sur deux ou sur trois, Serge parcourt 80 kilomètres au départ de Sierre, parque sa voiture devant la douane de Saint-Gingolph, traverse la frontière à pied et se rend au premier kiosque situé sur le territoire français.

La finalité de sa démarche? Valider les dizaines de coupons du «Loto Foot 15» qu'il a soigneusement remplis durant la semaine. «J'entreprends ce déplacement en France voisine chaque fois qu'une grille du «Loto Foot» est dotée d'un jackpot. Un pactole, comme ils disent en France», précise ce quinquagénaire valaisan - féru de sports - qui œuvre dans la communication.

Produit phare de la société La Française des Jeux, pour ce qui est des paris sportifs tout au moins, le «Loto Foot 15» est l'équivalent de feu le «Sport-Toto» suisse. Il s'agit, ici, de pronostiquer les vainqueurs (ou les «nuls» si ça se trouve) d'une quinzaine de matches de football. Essentiellement de Ligue 1, mais aussi de Premier League, de Bundesliga et de Liga espagnole. Et parfois même – c'est plus rare – de notre bon vieux championnat de Super League.

«J'étais fidèle depuis plus de 30 ans»

Ce samedi 10 août, à titre indicatif, le pactole a été fixé à 500'000 euros. Mais il peut grimper exceptionnellement jusqu'à 3 millions d'euros. «C'est beaucoup, énorme même, par rapport aux gains que proposaient les jeux sportifs de la Loterie romande, s'exclame Serge. Mais au-delà de l'appât du gain, certes non négligeable, c'est surtout le fait de jouer et de vibrer en regardant les matches qui m'intéresse. Or, depuis que la Loterie romande a abandonné successivement le «Toto-X» puis le «Sport-Toto», deux jeux auxquels j'étais fidèle depuis plus de 30 ans, ce n'était plus possible. J'ai donc dû me rabattre sur les prestations françaises.»

A l'instar de Serge, ils sont nombreux les Romands à effectuer régulièrement le «pèlerinage» en France voisine pour assouvir leur passion – parfois maladive – du jeu. «Moi, je me déplace à Divonne lorsqu'il y a un pactole au «Loto Foot 15. C'est l'endroit le plus près», témoigne Pascal, quinquagénaire lausannois lié également au monde de la communication. Qui souligne: «Ce jeu est vraiment attractif. Il remplace avantageusement le «Sport-Toto» suisse au niveau de l'adrénaline. J'aime bien le foot, je sais me montrer raisonnable dans mes investissements: ça aurait été dommage de me priver de ce plaisir après la fin du «Sport-Toto», même si la Loterie romande propose désormais d'autres alternatives en matière de paris sportifs.»

«Cet afflux se ressent sur notre chiffre d'affaires»

Dans les dépositaires officiels de La Française des Jeux, en France voisine, on se frotte les mains. Cette clientèle suisse constitue une manne financière providentielle. «C'est une aubaine, reconnaît la gérante du Kiosque de Saint-Gingolph, côté français. Vos compatriotes sont de plus en nombreux à venir tenter leur chance ici. Cet afflux – parfois massif lorsqu'il y a de gros jackpots – se ressent forcément sur notre chiffre d'affaires, d'autant que les Suisses jouent généralement des sommes supérieures à celles que peuvent se permettre les Français.»

Et la commerçante de conclure: «Nous devons parfois refuser des clients-joueurs et les rediriger vers d'autres dépositaires, à Evian ou à Thonon, parce que nous sommes plafonnés par La Française des Jeux au niveau des enjeux. Celaa peut aller très vite. Il suffit qu'un Suisse arrive avec des coupons valant plusieurs centaines d'euros…».

Ton opinion