CambriolagesLa nuit, les vols se multiplient
Les larcins commis pendant que les gens dorment sont en nette augmentation. La police genevoise s'inquiète.
- par
- Valérie Duby

Les cambrioleurs hésitent de moins en moins à opérer pendant le sommeil de leurs victimes.
On les appelle les «cas sommeil» dans le jargon policier. En clair, les cambriolages commis de nuit dans des appartements et des maisons. Un phénomène inquiétant pour la police genevoise. Au mois de juillet, 134 cas ont été recensés, contre 11 à la même période l'an dernier. «Certains voleurs sont de vrais acrobates et ils sont de plus en plus audacieux», ne peut que constater Laurent Blanc, chef de la section infractions contre le patrimoine à la police genevoise. Ils profitent bien sûr des fenêtres laissées ouvertes au rez-de-chaussée en été. Mais ils sont capables de monter sur une voiture, un feu de signalisation ou une poubelle pour pénétrer par effraction dans les étages. «Jusqu'au troisième étage, on n'est pas vraiment protégés!» constate le policier. Si le Valais, le Jura et Neuchâtel sont encore épargnés, Vaud et Fribourg enregistrent une augmentation des «cas sommeil».
«Mais dans une moindre mesure. Rien d'aussi alarmant chez nous», s'accordent les deux polices cantonales. «Pour les victimes, cela peut s'avérer traumatisant», observe Laurent Banc. Jeanine* a été cambriolée, il y a une semaine, à son domicile de Bernex (GE). Elle a entendu du bruit. «Je me suis réveillée. Depuis ma chambre, j'ai vu de la lumière sous la porte que j'avais fermée à clé, ayant justement entendu parler des cambriolages commis pendant la nuit. Je n'ai pas osé sortir ni appeler la police tout de suite. J'avais peur», témoigne-t-elle. Et d'ajouter: «C'est vrai, je n'avais pas baissé les stores au rez-de-chaussée.» Le butin? Un PC, un appareil photo et un porte-monnaie rempli d'euros.
En général, les Arsène Lupin noctambules ne retournent pas les tiroirs. Ils se «contentent» de dérober ce qu'ils trouvent: des sacs à main, des PC, des bijoux, des smartphones, etc. Ce sont essentiellement des individus en provenance d'Albanie et de Roumanie. Et aussi quelques Maghrébins clandestins installés à Genève. «Voler la nuit, c'est un créneau», remarque, un peu ironique, Laurent Blanc.
Fermez les fenêtres!
Que peut faire la police? «Nous avons rendu attentives toutes les patrouilles travaillant de nuit. Un individu qui se promène à vélo dans des zones villas à 3?heures du matin, c'est suspect», poursuit le policier. Qui recommande, au minimum, aux locataires et propriétaires de baisser les stores «malgré la chaleur». Et de conseiller – «sans pour autant faire de sa maison une forteresse» – d'installer des détecteurs de lumière aux rez-de-chaussée et des systèmes d'alarme sonores sur les portes-fenêtres. La police vaudoise recommande de faire sécuriser ses serrures, les cambrioleurs roumains n'hésitant pas à retirer le cylindre de la porte. «Surtout, il ne faut pas aller à la confrontation, observe Laurent Blanc. L'attraction de Genève reste importante pour les gens qui commettent des délits même si le nombre de cambriolages, en général, a globalement diminué dans le canton.»