Etats-UnisLa paralysie de l'Etat fédéral suscite un tollé
Alors que l'Etat fédéral américain s'est retrouvé mardi paralysé, suscitant un tollé dans l'opinion publique, les républicains s'apprêtaient à voter mercredi sa réouverture partielle.
Barack Obama qui a accusé ses adversaires de «croisade idéologique» face à sa réforme de l'assurance-maladie devrait opposer son veto à une réouverture partielle de l'Etat fédéral américain.
Aucun projet de loi de finances n'a été adopté à temps pour le début de l'exercice budgétaire 2014 commencé mardi à minuit (6h du matin en Suisse), malgré d'intenses tractations entre le Sénat à majorité démocrate et la Chambre des représentants dominée par les républicains qui s'affrontent depuis 33 mois sur le budget.
Les républicains refusent un budget qui comporte le financement de la réforme de l'assurance-maladie. Le président Barack Obama les a accusés d'avoir immobilisé l'Etat fédéral sous couvert d'une «croisade idéologique» contre la réforme de l'assurance-maladie.
Washington et New York au ralenti
La paralysie qui a suivi a eu un impact important notamment dans les villes de Washington et New York. Les touristes ont été privés d'accès aux parcs nationaux, lieux de villégiature et autres musées. Les cimetières militaires américains dans le monde étaient aussi fermés «temporairement».
Dans Washington, sur plus de deux millions de fonctionnaires, environ 800'000 jugés non essentiels ont eu quatre heures mardi matin pour se présenter à leurs bureaux, ranger leurs affaires, annuler leurs réunions et rentrer chez eux, sans garantie de paie rétroactive.
Minimum vital
Du département de la Défense à l'agence de protection de l'environnement, tous les services fédéraux étaient sommés de réduire immédiatement leurs effectifs au minimum vital. La Maison-Blanche fonctionnait avec 25% de son équipe et l'énorme machine statistique économique était à l'arrêt, plusieurs données chiffrées macro-économiques ne pouvant donc être publiées.
La sécurité nationale et les services essentiels, comme les opérations militaires, le contrôle aérien et les prisons, étaient toutefois globalement exemptés.
Tollé dans l'opinion publique
Un sondage Quinnipiac indiquait que 77% des Américains rejettent un recours à une fermeture partielle des activités de l'Etat pour bloquer l'application de la réforme de l'assurance-maladie.
Face au tollé provoqué par cette paralysie, les républicains s'apprêtaient mercredi à voter la réouverture partielle à travers cinq mini-projets de lois de finances pour les parcs, les musées et monuments nationaux, les services d'aide aux anciens militaires, la ville de Washington, les réservistes de l'armée et la recherche contre les maladies graves comme le cancer.
Mais le chef de la majorité démocrate du Sénat a répondu par une fin de non-recevoir, en qualifiant le plan d'«idée folle». «Rouvrir seulement les parties de l'Etat qu'ils aiment n'est pas une solution responsable», a déclaré Harry Reid.
La révolution est en ligne
En attendant, les Américains dépourvus de couverture maladie ont pu s'inscrire en ligne mardi pour en bénéficier dès le mois de janvier 2014. Quelque 53 millions d'Américains ne sont pas assurés médicalement, selon les chiffres de 2010 du Bureau du recensement.
Trente à 33 millions bénéficieront du nouveau programme d'assurance-maladie d'ici 2016 mais 26 à 27 millions resteront sans couverture, selon une estimation du Bureau du budget du Congrès (CBO), un organisme bipartite.
La BCE inquiète
La fermeture de l'Etat fédéral ne devrait avoir qu'un impact limité sur la première économie mondiale, contrairement à celui qu'aurait une impasse persistante sur le relèvement du plafond de la dette.
Cependant, le président de la Banque centrale européenne (BCE) Mario Draghi a manifesté son inquiétude en estimant que cette paralysie représenterait, «si elle se prolongeait, un risque pour les Etats-Unis et pour le monde».
Et en France, le ministre de l'Economie Pierre Moscovici a averti le gouvernement que ce blocage budgétaire pourrait, s'il se prolonge, avoir un impact négatif sur la reprise économique en France.