Motocyclisme: La pause et ses effets secondaires

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MotocyclismeLa pause et ses effets secondaires

On s’attendait à une reprise particulière. Mais de là à imaginer tout cela, non, c’était trop. Quoique...

Jean-Claude Schertenleib
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Jean-Claude Schertenleib

Marc Marquez: génie ou idiot?

Après avoir sauvé l’impossible en début de course, un homme normal (ce n’est pas la bonne formule: un homme normal n’aurait pas sauvé l’impossible!), donc Marc Marquez aurait dû se contenter de marquer les points de la troisième place, acquise à coups de records, durant une remontée qui restera dans les annales.

Mais on sait depuis longtemps que rien ne retient Marc Marquez, c’est d’ailleurs pour cela qu’on l’adore ou qu’on l’abhorre. Alors, le «problème» des Ducati de Bagnaia, Miller et Dovizioso réglé, il s’est fixé comme prochain but Maverick Viñales, sur le papier son principal concurrent pour le titre. Mais cette fois, ça s’est mal passé: fracture de l’humérus droit, le champion du monde en titre va devoir passer par la case salle d’opération.

Alors qu’un prochain GP attend Quartararo, Viñales et tous les autres, dimanche encore à Jerez de la Frontera. Dès lors, doit-on retenir les coups de génie du champion qui ont permis ce retour insensé, ou doit-on montrer du doigt une certaine idiotie, alors que dans ce championnat 2020 forcément particulier – 13 courses au programme, seulement -, le zéro est très pénalisant et la blessure certainement éliminatoire? A chacun de juger selon sa propre philosophie. Reste que la pause forcée très longue a eu des effets secondaires sur plusieurs pilotes: car Alex Rins (samedi) et Cal Crutchlow (dimanche matin, au warm-up) savaient aussi que, moins que jamais, il ne faut se blesser en 2020.

Tom Lüthi: trop tendre ou trop vieux?

Thomas Luthi, avant sa chute lors du GP d’Espagne. Le pilote suisse tentait de sauver sa place dans le top 10.

Thomas Luthi, avant sa chute lors du GP d’Espagne. Le pilote suisse tentait de sauver sa place dans le top 10.

KEYSTONE

Il n’était pas «le» favori No 1, mais l’un des hommes généralement cités. Notamment par ses plus jeunes adversaires qui, à la veille du premier GP de la saison, au Qatar, avaient dit de la même voix: «Et puis, bien sûr, il y a Tom! Il est toujours là!» Deux semaines plus tôt, à Jerez de la Frontera, l’ancien avait donné la leçon aux jeunes loups: régularité, panache, Lüthi avait été bluffant.

Mais voilà, au Qatar, après trois chutes lors des tests et des essais, une qualification (18e) compliquée, le Bernois n’avait pu que sauver les six points de la dixième place. Et à Jerez, après une chute aux essais et des qualifications là encore ratées (19e sur la grille), il est tombé à deux tours de la fin en course, alors qu’il tentait de sauver sa place dans le top 10. Et qu’il avait déjà, trois fois, cinq fois, peut-être huit fois, flirté avec la gamelle.

Désormais trop tendre, Thomas Lüthi? Ou même trop vieux? La question se pose, certains censeurs parlent déjà de la saison de trop, mais les faits – pas les résultats jusque-là, les faits – disent le contraire. Mercredi dernier, lors de la journée de reprise du championnat, c’est encore lui qui avait été le premier à signer des chronos de référence, le plus rapide le matin, le deuxième chrono du jour. Dans une catégorie aussi homogène, un homme qui le mercredi bat tout le monde – sauf Jorge Martin, et encore, pour une question de millièmes – ne peut pas devenir trop vieux, trop tendre, trop lent, trois jours plus tard.

«Ce matin encore, pour le warm-up, on a essayé des choses, et ça ne marchait pas mieux»

Thomas Lüthi

Le problème est donc ailleurs, Tom le dit: «Ce matin encore, pour le warm-up, on a essayé des choses, et ça ne marchait pas mieux.» Toujours ce fameux mur, qu’il faudra rapidement abattre. Question: et si on provoquait une révolution de palais dans l’entourage technique de Lüthi? Où l’on se rend compte aujourd’hui de l’importance de pouvoir travailler avec un chef technicien d’expérience, comme ce fut le cas lors des meilleures saisons de Tom en Moto2 avec le Français Gilles Bigot. Celui-là même qui a réussi, dimanche, une première grosse performance (quatrième) avec Sam Lowes.

La phrase du jour de Danilo Petrucci

«Quand Marquez m’a dépassé dans le virage où il est ensuite tombé, il roulait à une vitesse double de la mienne»: Danilo Petrucci, victime d’une chute sérieuse mercredi lors des tests, a été un des spectateurs privilégiés de la remontée du champion du monde, jusqu’à l’erreur de celui-ci.

Quand Domi veut faire le régime

En Espagne, Dominique Aegerter a terminé troisième de la première course MotoE de sa carrière.

En Espagne, Dominique Aegerter a terminé troisième de la première course MotoE de sa carrière.

KEYSTONE

Troisième de la première course MotoE de sa carrière, Dominique Aegerter n’a pas oublié de saluer... à distance plus que sociale ses fans, lors de son tour d’honneur: on l’a vu faire de grands signes devant des tribunes vides, mais face à des caméras bien enclenchées! Son départ? «Pas mauvais, mais dans les premières centaines de mètres, en montée, je pense que mon poids m’a handicapé face à des adversaires de plus petit calibre. D’ailleurs, c’est décidé: pour ne pas connaître la même situation dimanche prochain, je ne mangerai rien de toute la semaine», sourit Aegerter.

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