Gens du voyageLa peur d'un nouveau campement de Gitans
Les deux stationnements successifs de Gitans sur un terrain de Vufflens-la-Ville (VD) ont suffi à excéder les autorités comme les habitants de cette commune de 1130 âmes.
- par
- Benjamin Pillard

Terrain agricole rendu inexploitable, amoncellements de sacs-poubelle lancés sciemment en dehors de la benne de 30 m3 prévue à cet effet… «Le pire, c'est ces crottes», lance Ingrid Rossel, syndique de Vufflens-la-Ville (VD), commune de plus de 1100 habitants au nord-ouest de Lausanne. «Quelque 200 Gitans qui font leurs besoins pendant une dizaine de jours, ça fait près de 3000 excréments et des kilos de papier hygiénique, poursuit l'élue. Imaginez la place que ça prend, surtout quand le tout est concentré sur le chemin qui longe la Venoge, un lieu de footing et de promenade très prisé!» Son collègue municipal Michel Gruaz, en charge des Constructions, renchérit: «Je les ai ramassés une fois, mais pas deux.»
Des gens du voyage venus de France se sont installés à deux reprises au cours des deux derniers mois sur cette même parcelle agricole, sise en pleine zone industrielle. La dernière levée de camp remonte à mardi passé. «Ces gens du voyage nous indignent!» reprend Michel Gruaz. «Je trouve d'ailleurs le terme «gens» un peu usurpé tant leur comportement est hors norme et scandaleux.» Au rang des désagréments, cette borne hydrante reliée au réseau des Services Industriels lausannois, qui a coulé non-stop tout au long des deux campements de 12?jours. Ou ces enfants qui jouaient sur les voies de chemin de fer qui jouxtent le camp des Gitans. «Les CFF ont menacé de ne plus desservir le centre de distribution Coop si la gendarmerie n'intervenait pas», se désole Michel Gruaz. Sans parler des menaces proférées à l'encontre de la population locale.
«J'ai vécu un cauchemar»
Franziska Pardal, 47?ans, était aux premières loges. Concierge pour une entreprise de la zone industrielle, elle vit dans le quartier depuis treize ans avec ses deux fils et son mari. Insultes, doigts d'honneur, crachats: tout y est passé. «J'ai vécu un cauchemar jour et nuit», lance cette mère de famille, qui s'est fendue il y a quelques jours d'une lettre adressée à Jacqueline de Quattro, conseillère d'Etat vaudoise en charge de la Sécurité. Pas un jour sans une manœuvre d'intimidation. «Je suis la seule femme du secteur, j'ai eu peur qu'on s'en prenne à mon intégrité. Je tremblais tellement que mon médecin a dû me prescrire des tranquillisants.»
Quant au propriétaire de la parcelle, domicilié à Zoug, son ton est des plus fatalistes. «J'ai demandé à la police si c'était utile que je porte plainte, ils m'ont dit que non. Alors je ne l'ai pas fait, ça ne sert à rien.»