Etats-UnisLa piste islamiste se confirme après la fusillade au Texas
L'un des suspects avait fait l'objet d'une enquête du FBI. Il avait exprimé son souhait de faire le djihad.
L'un des deux auteurs de l'attaque d'un rassemblement islamophobe aux Etats-Unis avait fait l'objet d'une enquête du FBI pour avoir exprimé l'intention de faire le djihad, selon des documents de justice obtenus par l'AFP.
L'attaque contre le rassemblement d'une organisation anti-islamiste organisant un concours de caricatures de Mahomet au Texas (sud) n'avait toujours pas été revendiquée mardi 5 mai.
Perquisitions chez le suspect
Selon les médias américains, les deux islamistes présumés étaient Elton Simpson, 31 ans, et Nadir Soofi, 34 ans, qui partageaient d'après le Los Angeles Times un appartement à Phoenix, dans l'Arizona (sud-ouest). CNN a diffusé des images d'agents du FBI pénétrant dans l'appartement pour le fouiller.
D'après des documents de justice obtenus par l'AFP, Elton Simpson avait été condamné en août 2011 en Arizona à trois ans de mise à l'épreuve pour avoir menti au FBI. Dans des enregistrements du FBI, Simpson évoquait son souhait de se rendre en Somalie pour rejoindre ses «frères» et accomplir le djihad.
Mais le juge avait estimé qu'il n'y avait pas assez de preuves pour établir qu'il avait l'intention de rejoindre un groupe islamiste en Somalie.
Etat islamique
Selon SITE, organisation spécialisée dans la surveillance des sites djihadistes, un homme se revendiquant du groupe Etat islamique (EI) a affirmé dimanche sur Twitter que l'attaque avait été perpétrée par deux sympathisants de l'organisation.
Le père d'Elton Simpson a quant à lui dit à la chaîne ABC News que son fils, qui travaillait dans un cabinet de dentiste, avait «fait un mauvais choix». «Nous sommes Américains et nous croyons en l'Amérique. Ce que mon fils a fait reflète très mal ce qu'est ma famille», a déclaré Duston Simpson.
L'attaque s'est produite dimanche dans la grande banlieue de Dallas, où se déroulait un concours de caricatures de Mahomet organisé par l'association American Freedom Defense Initiative, considérée comme islamophobe.
Policier blessé
Un policier a abattu avec son seul pistolet de service les deux hommes lourdement armés qui tentaient d'attaquer le rassemblement et n'ont réussi à blesser que légèrement un garde de sécurité.
Un porte-parole de la police de Garland, Joe Harn, a précisé lundi lors d'une conférence de presse que les deux hommes étaient sortis de leur véhicule et avaient immédiatement ouvert le feu avec des fusils-mitrailleurs.
«Clairement, ils étaient là pour tirer sur les gens», a-t-il dit, soulignant que «sous le feu auquel il était soumis», son agent avait fait «un excellent travail» et qu'il avait «probablement sauvé des vies».
Le gouverneur du Texas, Greg Abott, a déclaré que les enquêteurs se penchaient sur «les liens des assaillants avec l'activité terroriste organisée». Selon le porte-parole de la Maison-Blanche, Josh Earnest, «aucune forme d'expression ne justifie un acte de violence». Mais il a refusé de se prononcer sur l'enquête en cours.
Comparaison avec la France
Cette attaque n'est pas sans rappeler l'attentat mené en janvier à Paris contre l'hebdomadaire satirique français Charlie Hebdo, qui avait publié des caricatures du prophète Mahomet. Cette attaque avait fait douze morts, dont plusieurs dessinateurs.
Mais pour le rédacteur en chef de l'hebdomadaire satirique, Gérard Biard, et son critique de cinéma, Jean-Baptiste Thoret, il n'y a «pas de comparaison possible».
«Nous n'organisons pas de concours. Nous faisons seulement notre travail. Nous commentons l'information. Quand Mahomet fait l'info nous dessinons Mahomet, mais sinon non. Nous combattons le racisme et nous n'avons rien à voir avec ces gens-là», a dit Gérard Biard, dans l'émission d'informations de Charlie Rose aux Etats-Unis.
Pas de rapport avec la religion
Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a lui réaffirmé que de tels actes criminels «n'ont rien à voir avec la religion ou les croyances», a souligné le porte-parole du l'ONU Stéphane Dujarric. «Il faut défendre ses idées par le dialogue démocratique et le débat, la violence n'est jamais justifiée», a-t-il ajouté.
L'American Freedom Defense Initiative (Initiative américaine de défense de la liberté), dirigée par Pamela Geller, une figure controversée et habituée des provocations, avait mis en jeu 10 000 dollars pour le gagnant du concours de caricatures de Mahomet. L'AFDI s'est fait une spécialité des campagnes publicitaires dénonçant l'islam et les pays musulmans.
Le concours était présenté comme un événement pour la «liberté d'expression» auquel avait été invité Geert Wilders, homme politique néerlandais célèbre pour ses diatribes anti-islam. L'islam prohibe toute représentation du prophète.