GenèveLa place financière n’en a pas fini avec le coronavirus
Pour l’exercice 2020 dans son ensemble, une majorité des établissements bancaires sondés à Genève prévoient une baisse des bénéfices.

Pour Yves Mirabaud et Edouard Cuendet, la hausse des charges, la volatilité des marchés et l’inquiétude des clients dans un contexte de Covid-19 ont pesé sur les six premiers mois de l’année en cours.
La pandémie a laissé des traces sur la marche des affaires des banques genevoises, notamment celles de grande taille. Une majorité des établissements a vu le bénéfice net reculer au premier semestre. Les masses sous gestion se sont globalement contractées, malgré des apports nets positifs. L’incertitude liée au coronavirus devrait demeurer jusqu’en 2021.
L’évolution des produits d’exploitation s’est avérée plutôt négative, même si des différences sont à constater entre les catégories de banques, selon les résultats de l’enquête conjoncturelle de la Fondation Genève Place Financière (FGPF) publiés mardi. Une majorité de gérants indépendants ayant participé au sondage tirent également la langue au niveau des recettes.
Les banques de grande et petite tailles ont accusé majoritairement un recul de leur bénéfice net semestriel, alors que la situation est plus contrastée pour les établissements moyens (entre 50 et 199 employés) et les gérants indépendants.
Effectifs réduits chez les grands
«Ceci est notamment dû à une pression accrue sur les marges, les taux d’intérêt négatifs qui perdurent ne sont pas étrangers à ce phénomène», a expliqué en conférence de presse Edouard Cuendet, directeur de FGPF. La hausse des charges, la volatilité des marchés et l’inquiétude des clients dans un contexte de Covid-19 sont également pointées du doigt.
Le plongeon boursier intervenu ce printemps, au plus fort de la crise du coronavirus, est identifié comme le principal responsable du creusement des masses sous gestion entre janvier et juin. «Il est en revanche encourageant de relever que les apports nets de fonds ne suivent pas la même tendance. Ceux-ci restent stables voire en hausse jusqu’à 5%», s’est réjoui Edouard Cuendet, qui parle de «marque de confiance» pour la place genevoise.
Du point de vue des effectifs, une part non négligeable des établissements de grande taille a réduit la voilure. Dans les autres banques et chez les gérants indépendants, la situation semble plutôt s’équilibrer entre suppressions de postes et embauche. «En réponse à la numérisation du secteur financier, le service informatique a vu ses effectifs augmenter comme en 2019», a précisé M. Cuendet.
Une place «unie»
Le chômage a pris l’ascenseur depuis le début de l’année, passant à 575 inscrits pour le secteur bancaire genevois en juillet, contre 465 en janvier. Pour tous les métiers de la finance, les chômeurs étaient au nombre de 1107, contre 879 sept mois auparavant.
Pour son enquête, la fondation a également posé des questions directement en lien avec le coronavirus. La pandémie a affecté plus fortement les banques de grande taille, dont les deux tiers ont estimé que la crise a joué un rôle important dans la marche des affaires.
Pour Yves Mirabaud, président de FGPF, la place financière genevoise a néanmoins joué son rôle durant la crise. «Les établissements bancaires ont répondu présents pour donner suite aux demandes de leurs entreprises clientes», a-t-il déclaré.
Le banquier genevois affirme par ailleurs que la place a su trouver une unité durant les turbulences liées au coronavirus, «afin de promouvoir des nouvelles initiatives porteuses d’avenir», parmi lesquelles la finance durable.
L’année prochaine sera difficile
Pour l’exercice 2020 dans son ensemble, une majorité des établissements sondés prévoient une baisse des bénéfices, les plus grandes étant les plus pessimistes et craignant davantage l’impact du coronavirus.
L’année prochaine s’annonce également difficile. «Toutes les catégories de banque se montrent cependant plus confiantes quant à l’évolution de leurs bénéfices», selon le directeur de FGPF. Cet optimisme est lié notamment à la résilience de la place financière.
Genève compte actuellement 92 banques, qui emploient 17’366 personnes, selon les plus récentes statistiques cantonales. La place financière au sens large génère 35’617 emplois, a rappelé Edouard Cuendet. La contribution du secteur financier au PIB genevois s’est fixée à 12,9% pour 2019, contre 12,2% deux ans auparavant.