VoyagesLa quarantaine belge scandalise le Tessin
Le conseiller d’État Norman Gobbi est indigné que son canton soit considéré comme à risque pour le coronavirus. La Belgique a finalement fait machine arrière.
- par
- R.M/ATS

«Il n’y a pas de justification scientifique à cette démarche de la Belgique», selon Norman Gobbi.
Comme lematin.ch le révélait ce jeudi matin, la Belgique avait placé un seul canton suisse sur une liste orange des destinations à risque pour le coronavirus: le Tessin. Ce qui signifie qu’un Belge passant des vacances au Tessin était prié de passer un test lorsqu’il rentre au pays puis de rester 14 jours en quarantaine. Il pourrait donc renoncer à ce voyage.
Cette décision belge était pour le moins étonnante car l’épidémie est actuellement sous contrôle au Tessin. Depuis début juin, on y enregistre même moins de cas que dans beaucoup d’autres cantons suisses, y compris proportionnellement à la population.
Un «comportement incompréhensible»
«Blick» a pu joindre le conseiller d’État tessinois Norman Gobbi pour savoir ce qu’il en pensait. Il s’est montré scandalisé et indigné. «Il n’y a pas de justification scientifique à cette démarche de la Belgique. Le canton du Tessin est actuellement l’un des cantons les plus sûrs», a-t-il commenté.
Le président du gouvernement tessinois n’entendait pas en rester là et voulait que le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) intervienne auprès de la Belgique pour que le canton soit retiré de cette liste des destinations orange. «Nous avons immédiatement pris contact avec le DFAE afin que les raisons de ce comportement incompréhensible soient clarifiées de manière diplomatique», a-t-il souligné.
D’autres pays fâchés
Précisons que ce code couleur belge et les conséquences qu’il implique pour ses concitoyens ont déjà fâché d’autres pays. Le Luxembourg s’est officiellement plaint auprès du gouvernement belge d’avoir été classé orange.
Ensuite ce sont les autorités portugaises qui ont pesté contre la Belgique car deux régions, l’Algarve et l’Alentejo, sont également classées orange. Le ministre portugais des Affaires étrangères Augusto Santos Silva s’est entretenu avec l’ambassadeur belge au Portugal pour lui dire tout le mal qu’il en pensait.
Machine arrière
Le médecin cantonal tessinois et les autorités cantonales se sont finalement adressés au Département fédéral des affaires étrangères (DFAE), qui est intervenu auprès de la Belgique. Celle-ci a ensuite retiré le Tessin de sa liste. Le DFAE a pris connaissance avec satisfaction de cette mesure, a-t-il indiqué jeudi en fin d'après-midi.
La liste orange comprend toutes les régions comptabilisant plus du double d'infections que le royaume. Le comptage se fait par 100'000 habitants, a expliqué à Keystone-ATS une porte-parole du Service belge des affaires étrangères.
Les chiffres sont fournis aux autorités belges par le Centre européen de prévention et contrôle des maladies. La porte-parole n'a pas été en mesure de dire pourquoi le Tessin a figuré sur la liste et pas d'autres cantons.
Chiffres erronés
Les experts belges analysent les chiffres sur sept jours et les comparent aux sept jours précédents. Or le médecin cantonal tessinois Giorgio Merlani affirme que les chiffres utilisés par la Belgique ne peuvent absolument pas être justes. «Actuellement, les nouvelles infections au Tessin sont en dessous de la moyenne suisse. Je ne comprends pas pourquoi le canton apparaît sur la liste», a-t-il commenté dans la journée.
Une explication est que la Belgique – pays avec une situation épidémiologique semblable à la Suisse, selon M.Merlani- réagit à la signalétique utilisée au Tessin. Les autorités cantonales y informent notamment par le biais de couleurs. Après une phase plus détendue en bleu, le canton est récemment à nouveau passé à l'orange. Le but est d'appeler la population à la vigilance.
«Beaucoup de personnes se rendent à l'étranger pour les vacances et risquent de ramener le virus. De plus, le Tessin compte de nombreux habitants d'origine balkanique, une région qui connaît actuellement beaucoup de nouvelles infections», a poursuivi le médecin cantonal tessinois.
Pour les autorités tessinoises, la mesure belge concernant le Tessin était dépourvue de tout fondement scientifique, ont-elles fait savoir à Keystone-ATS: «D'après les dernières données sur le coronavirus, le Tessin est l'un des cantons les plus sûrs de Suisse».