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Litige«La régie se moque de nous»

Sans chauffage ni eau chaude depuis mercredi, des locataires lausannois sont sans nouvelle de leur gérance, absente dix jours.

par
Benjamin Pillard
Pour se chauffer, Jérôme Giller et son frère Nicolas ont opté pour des radiateurs électriques et leur four tournant à plein régime.

Pour se chauffer, Jérôme Giller et son frère Nicolas ont opté pour des radiateurs électriques et leur four tournant à plein régime.

Yvain Genevay

Cela fera sept jours, aujourd'hui, qu'au moins six appartements et deux établissements publics sont privés d'eau chaude et de chauffage, au cœur de Lausanne. Parmi les victimes, une famille avec deux enfants de moins de 10 ans. En cause: la panne d'une chaudière, qui a en partie inondé cet ancien immeuble de la rue Enning.

«Nous avons donné l'alerte après avoir constaté 3 à 4 cm d'eau dans nos locaux», témoigne Gilles Wegmüller, patron du Bleu Lézard, le restaurant du rez-de-chaussée et véritable institution des nuits lausannoises. «Cela pose souci, c'est sûr, les clients s'en plaignent, mais on espère que ce sera réglé d'ici le milieu de la semaine, vu la chute annoncée des températures.»

Jeudi dernier, soit le lendemain de l'incident, les lésés recevaient un courrier de leur régie, stipulant que les chauffagistes «sont à pied d'œuvre pour régler la situation», que la pièce défectueuse a été commandée et pourrait être installée «entre aujourd'hui et demain».

Encore une à deux semaines

«Nous espérons que ce sera réglé au plus vite car nous savons que ce n'est pas drôle de se retrouver sans chaleur à la maison», commente la gérance François Guédon en réponse à un e-mail de l'un des locataires de l'immeuble, Jérôme Giller. «Ils se moquent de nous!» estime cet enseignant de 38 ans. Car le Vaudois a immédiatement joint lui-même le réparateur attitré, et un retour à la normale n'était pas prévu avant le mercredi suivant. Jérôme Giller en rend compte le jeudi par e-mail à sa régie. En vain: un message automatique renseigne le locataire que la gérance sera fermée jusqu'au 10 novembre. «Le Matin» en a également fait les frais hier: «Tout le bureau est en séminaire. Au revoir et merci.»

Pour le moins problématique, sachant que la livraison de la fameuse pièce de remplacement pourrait prendre «jusqu'à deux semaines», à en croire le chauffagiste, contacté une nouvelle fois hier par le locataire Giller. «Le problème n'est pas que l'incident n'a pas pu être résolu du jour au lendemain, mais l'absence de solution proposée par la gérance Guédon.» En attendant, Jérôme et son frère Nicolas font tourner leurs radiateurs électriques à plein régime, de même que le four de leur cuisine, laissé entrouvert.

«Ce n'est pas acceptable, ce n'est pas aux locataires d'assumer les conséquences», réagit Me Christian Dandrès, de l'Asloca Genève. «Ils pourront solliciter une réduction de loyer à 100% pendant la durée de la nuisance.» En allant devant le Tribunal des baux, les lésés pourraient obtenir d'un juge qu'il contraigne le propriétaire de l'immeuble à trouver une solution alternative, avec la pose de chauffage provisoire ou un relogement. «Car un appartement sans eau chaude ne peut pas être considéré comme habitable.»

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