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Télé-réalitéLa RTS flouée par un candidat

Dans l'émission «Un hôtel à la maison», la RTS pourrait exclure du vote du public le candidat neuchâtelois François Schneider pour avoir construit une bulle, malgré un avis défavorable.

Anne-Florence Pasquier
par
Anne-Florence Pasquier
Sandro Campardo/Lematin

«J'avoue être un hors-la-loi», lance sur un ton léger François Schneider. Ce Neuchâtelois, participant avec son épouse, Eliane, à la nouvelle émission de la RTS, «Un hôtel à la maison», était loin de s'imaginer qu'offrir à ses hôtes une vue imprenable sur les Alpes depuis son coin de paradis à Montmollin (NE) lui vaudrait peut-être sa chance de gagner la finale. Comme le confirme la coproductrice, Carine Jaggi: «Nous devons encore le vérifier, mais s'il s'avère qu'il n'a pas respecté la loi, nous serions obligés de l'exclure du vote du public.»

Bulle avec vue

Lancé le 9 novembre dernier, le programme télévisé suit quatre familles romandes et leurs projets de créer chez eux des maisons d'hôtes. «L'équipe de la télévision cherchait d'abord une famille d'agriculteurs, raconte Eliane. Puis, par l'Office du tourisme de Neuchâtel, lui-même contacté par la télévision, on s'est retrouvé candidat.» Les Schneider, couple d'éducateurs à la retraite, grands-parents et déjà propriétaires d'une ferme transformée en Bed & Breakfast depuis 2007, ont eu l'idée de monter une bulle. «Pour notre anniversaire de mariage, on en a testé une en Alsace, on a trouvé ça génial et écologique», ajoute-t-elle. Artiste en céramique, François souhaitait que «cette bulle soit comme une œuvre d'art, un lieu unique où l'on pourrait accueillir des touristes du monde entier avec vue sur le Mont-Blanc le jour et la Voie lactée la nuit.» Seul petit hic? Le terrain sur lequel la bulle devait s'édifier est une zone agricole, rapportait hier le quotidien neuchâtelois L'Express. Approché par la télévision en décembre 2011, François Schneider a fait une demande de permis de construire auprès du canton. «Les participants doivent respecter deux conditions pour s'engager dans cette aventure: assumer le financement du projet et faire les demandes d'autorisation», insiste Jean-Christophe Liechti, coréalisateur du programme. Le contrat entre la RTS et les candidats stipule bien l'obligation de disposer des autorisations. Seulement voilà, François Schneider, pourtant soutenu dans sa démarche par l'Office du tourisme de Neuchâtel, avait reçu un avis défavorable de la commune. «Il savait dès le départ que l'emplacement de la bulle n'était pas adéquat, sur une zone agricole et à moins de 30 mètres de la forêt», explique Daniel Jeanneret, président de la commune de Montmollin, «même si l'endroit est superbe et que c'est un bon projet, il ne s'y est pas pris de la bonne manière. Il m'avait d'ailleurs confié que si ça ne passait pas, il penserait à se retirer de l'émission.» Entre-temps, lenteur de l'administration oblige, le tournage s'est déroulé d'avril à août. Le 10 septembre dernier, le Service de l'aménagement du territoire refuse la construction. «La loi c'est la loi, le terrain est réservé à l'agriculture, pas à la construction», maintient Claude Nicati, conseiller d'Etat en charge de la gestion du territoire. Les Schneider ont donc dégonflé leur bulle et avec elle leur rêve d'y recevoir des hôtes.

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