Syrie: La Russie reste inflexible sur Alep malgré les pressions

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SyrieLa Russie reste inflexible sur Alep malgré les pressions

Moscou s'est dit favorable au cessez-le-feu proposé par l'ONU, mais rejette le projet français de résolution.

La Russie a réaffirmé vendredi son hostilité au projet de résolution présenté à l'ONU par la France et l'Espagne pour tenter de mettre fin aux bombardements aériens des quartiers de l'est d'Alep tenus par les insurgés.

Le texte doit être soumis samedi au Conseil de sécurité. Washington réclame de son côté une enquête pour «crimes de guerre» à Alep.

Le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Guennadi Gatilov, a jugé plusieurs points «inacceptables», notamment la «politisation» de l'aide humanitaire. Sergueï Lavrov, chef de la diplomatie russe, s'est en revanche dit favorable à l'offre de Staffan de Mistura, émissaire de l'ONU pour la Syrie, qui s'est dit prêt jeudi à se rendre en personne à Alep pour procéder à l'évacuation du millier de combattants djihadistes qui s'y trouveraient.

Proposition de Assad

Le président syrien Bachar al Assad avait proposé la veille une amnistie aux combattants qui accepteraient de quitter Alep-Est avec leurs familles et un sauf-conduit pour gagner d'autres secteurs de Syrie aux mains de l'opposition.

Les insurgés, bombardés depuis 15 jours avec une intensité sans précédent par l'aviation russe et l'armée syrienne, disent toutefois ne pas faire confiance au chef de l'Etat. Ils jugent que son offre a pour but de purger la partie orientale de la ville de sa population sunnite.

Résolution encore négociable

En déplacement à Washington au lendemain d'une visite à Moscou, le chef de la diplomatie française Jean-Marc Ayrault a indiqué que le projet de résolution serait soumis samedi au vote du Conseil de sécurité des Nations unies.

Il a ajouté que le texte restait ouvert à la discussion mais qu'il n'était pas question de revenir sur les deux principaux points: l'instauration d'un cessez-le-feu et d'une zone d'exclusion aérienne au-dessus d'Alep et l'acheminement de l'aide humanitaire dans les villes assiégées.

«Le secrétaire général de l'ONU a parlé de crimes de guerre. C'est la réalité», a ajouté le ministre français, évoquant le sort des 250'000 habitants d'Alep-Est. Il participera à la réunion du Conseil de sécurité, a fait savoir le Quai d'Orsay dans la soirée.

Le ton monte à Washington

«Nous devons faire cesser cette atrocité», a quant à elle déclaré la chancelière allemande Angela Merkel, tandis que son gouvernement ouvrait la voie à des sanctions à l'encontre de la Russie. Pour le secrétaire d'Etat américain, les bombardements répétés et délibérés d'hôpitaux par les armées russe et syrienne doivent faire l'objet d'une enquête pour «crimes de guerre».

«La nuit dernière, le régime (syrien) a encore attaqué un hôpital, dans lequel 20 personnes ont été tuées et 100 blessées», a déclaré John Kerry avant son entretien avec Jean-Marc Ayrault. «La Russie et le régime doivent au monde davantage qu'une explication sur les raisons pour lesquelles ils continuent à frapper des hôpitaux, des structures médicales, des enfants, des femmes».

Sur le terrain, les forces gouvernementales ont poursuivi vendredi leur offensive au sol, mais les frappes aériennes restaient moins nourries qu'au cours des deux dernières semaines. Carlos Francisco, responsable de la branche syrienne de Médecins sans frontières (MSF), a décrit les conditions humanitaires à Alep comme «insupportables».

(ats)

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