RechercheLa science en plein délire
Marc Abrahams a fait hurler de rire le public genevois hier soir avec ses Ig Nobel, qui récompensent les études scientifiques improbables.
- par
- Renaud Michiels

Hier soir, l'aula principale de l'Uni Dufour à Genève – 600 places – était bien pleine et secouée de rires. Un one-man-show de Gad Elmaleh, de Jamel Debbouze? Non, des scientifiques qui n'hésitent pas à se moquer d'eux-mêmes. L'Université abritait une soirée dédiée aux Ig Nobel, ces prix décernés depuis plus de vingt ans aux études scientifiques étranges, loufoques, insolites.
Fondateur des Ig Nobel, Marc Abrahams a commencé par présenter les lauréats 2012. Avec son humour pince-sans-rire et un show bien rodé, ce mathématicien américain de Harvard a enchaîné les études invraisemblables. Ainsi, un Hollandais a prouvé qu'un chimpanzé peut identifier ses congénères à partir de photos de leurs fesses. Des Américains ont démontré qu'avec leurs instruments compliqués, des chercheurs spécialisés dans le cerveau voient même une «activité significative» dans les lobes d'un saumon mort. Et un physicien a été primé pour son travail sur la lévitation des grenouilles.
Tout ça est distrayant mais pas débile, a souligné le mathématicien, rappelant le credo des Ig Nobel: «D'abord rire. Puis réfléchir.» Puis il a laissé la parole à trois anciens lauréats (voir ci-contre). Mais cette joyeuse institution ne distille-t-elle pas tout de même l'idée que des hordes de chercheurs sont payés pour étudier l'inutile? «En matière de recherche scientifique, on ne sait jamais par avance ce qui va se révéler important ou pas», nous a répondu Marc Abrahams.
Reste que la soirée d'hier était plus dédiée à rire qu'à penser… Alors allons-y pour une dernière étude. Une équipe de recherche française a proposé une nouvelle procédure pour que les médecins qui pratiquent des coloscopies ne fassent pas exploser leurs patients! «C'est rare, mais ça arrive. En tout cas plus souvent que les patients ne le souhaiteraient», a souri Marc Abrahams.