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Afrique du SudLa sentence de Pistorius est «choquante de légèreté»

Après avoir fait appel de la condamnation de l'athlète -5 ans de prison-, le Parquet a décidé de remettre en cause le verdict d'homicide involontaire.

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En appel, Oscar Pistorius est condamné à 13 ans et 5 mois de prison contre six ans en première instance. La peine est doublée. (Vendredi 24 novembre 2017)

En appel, Oscar Pistorius est condamné à 13 ans et 5 mois de prison contre six ans en première instance. La peine est doublée. (Vendredi 24 novembre 2017)

AFP
Le parquet sud-africain va réclamer vendredi une peine plus lourde pour l'athlète paralympique Oscar Pistorius. Il juge «scandaleusement clémente» sa condamnation à six ans de prison pour le meurtre de sa compagne. (Mercredi 1 novembre 2017)

Le parquet sud-africain va réclamer vendredi une peine plus lourde pour l'athlète paralympique Oscar Pistorius. Il juge «scandaleusement clémente» sa condamnation à six ans de prison pour le meurtre de sa compagne. (Mercredi 1 novembre 2017)

Keystone
La famille d'Oscar Pistorius va porter plainte contre les auteurs du film «Oscar Pistorius: Blade Runner Killer», consacré au meurtre de sa petite-amie et du procès qui a suivi. A ses yeux, le long-métrage «déforme la vérité». (Mardi 3 octobre 2017)

La famille d'Oscar Pistorius va porter plainte contre les auteurs du film «Oscar Pistorius: Blade Runner Killer», consacré au meurtre de sa petite-amie et du procès qui a suivi. A ses yeux, le long-métrage «déforme la vérité». (Mardi 3 octobre 2017)

AFP

La condamnation du champion handisport sud-africain Oscar Pistorius à cinq ans de prison pour avoir abattu sa petite amie en 2013 est «choquante de légèreté», a exposé le parquet dans sa demande de révision du procès en appel mardi.

«La condamnation à cinq ans d'emprisonnement (...) est choquante de légèreté, inappropriée et n'aurait jamais été prononcée par un tribunal raisonnable», a indiqué le parquet dans sa requête, dont copie a été communiquée à la presse, soulignant que le champion pourrait être libérable sous contrôle judiciaire au bout d'à peine dix mois.

Le procès d'Oscar Pistorius, en prison depuis octobre pour avoir abattu sa petite amie en 2013, pourrait être révisé en 2015, le parquet sud-africain ayant officiellement déposé son appel mardi, insatisfait du verdict d'homicide involontaire. «Nous annonçons aujourd'hui que le parquet national a interjeté appel à la fois du verdict et de la sentence», a indiqué son porte-parole Nathi Mncube dans un communiqué.

Le champion handisport de 27 ans, sextuple médaillé d'or, a été condamné à cinq ans de prison et commencé à purger sa peine dans une aile médicalisée de la prison centrale de Pretoria, à l'issue de huit mois d'un procès retentissant suivi avec passion par l'opinion publique. Il a échappé au verdict de meurtre, passible de la perpétuité.

Quelle intention?

L'«homicide involontaire» finalement retenu a suscité l'incompréhension d'un grand nombre de juristes en Afrique du Sud, et valu une volée de critiques à la juge Thokozile Masipa.

Toute la question est de savoir si l'accusé, au moment de tirer avait conscience qu'il pouvait donner la mort. Si la réponse est «oui», alors le juge aurait dû rendre un verdict de meurtre.

Or, dans ses attendus, la juge a elle-même estimé que Pistorius «savait que les toilettes étaient un espace réduit et qu'il n'y avait aucun moyen de s'échapper pour la personne derrière la porte», semblant se contredire elle-même.

Le ministère public, soucieux de fixer la jurisprudence, n'a pas révélé les arguments soulevés pour faire appel. «L'appel du verdict est fondé sur un point de droit», a seulement dit M. Mncube, précisant que les arguments du parquet avaient été transmis à la justice et, dès lors, couverts par le secret de l'instruction.

Audiences publiques

Jusqu'à six mois, voire davantage, peuvent désormais s'écouler jusqu'à la révision du procès qui se jouera sur le papier. Trois juges auront à examiner les documents du parquet et il y aura quelques audiences publiques, mais sans convocation de témoins.

«Le parquet doit d'abord aller voir la juge et lui demander si elle autorise l'appel. Si elle est sûre de son jugement, il n'y a pas de raison qu'elle refuse», a expliqué à l'AFP Elna Moolman, une avocate pénale de Johannesburg.

«Cela part ensuite chez trois juges qui auront à décider sur la base des documents et de plaidoiries supplémentaires. Ils demanderont au parquet +pourquoi dîtes-vous que la juge se trompe, venez-nous expliquez çà+ et le procureur viendra s'exprimer, ainsi que la défense», a-t-elle exposé.

Coupable d'imprudence

Dans un verdict choc rendu le 12 septembre qui a profondément meurtri les parents de la victime, la juge Masipa avait conclu que Pistorius n'était pas coupable de meurtre mais d'imprudence.

Double amputé et équipé de prothèses pour courir, il a toujours affirmé avoir ouvert le feu par erreur sur la porte fermée des WC pour neutraliser ce qu'il croyait être un cambrioleur, après avoir entendu un bruit suspect. Il a aussi affirmé qu'il était amoureux de Reeva Steenkamp, sa victime, une mannequin de 29 ans.

Que la juge écarte la préméditation et refuse de conclure à une dispute de couple sur la base de vieux textos, ou du témoignage de voisins n'ayant rien vu, n'a choqué personne.

En revanche, beaucoup n'ont pas compris qu'elle dédouane Pistorius de toute intention homicide.

«Il allait tuer quelqu'un»

Un livre écrit par la mère de Reeva Steenkamp sort jeudi en Grande-Bretagne. Elle y dit pis que pendre de Pistorius, et notamment que «ça a été la malchance de Reeva de le rencontrer, parce que tôt ou tard, il allait tuer quelqu'un.»

«Elle m'avait confié qu'elle n'avait pas couché avec lui. Ils partageaient le même lit mais elle avait peur de porter leur relation à ce niveau... Elle n'aurait pas voulu coucher avec Oscar si elle n'était pas sûre. Je pense que leur relation était en train de se terminer. Au fond de son cœur, elle ne pensait pas que celle-ci rendait l'un ou l'autre heureux», écrit-elle encore.

Un témoignage qui n'engage qu'elle et sans impact sur la révision du procès.

Chronologie de l'affaire Pistorius

(AFP)

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