Esthétique: La silhouette féminine parfaite existe

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EsthétiqueLa silhouette féminine parfaite existe

Selon des chercheurs, cela n'aurait rien de subjectif, puisque mathématiquement prouvé. Info ou intox?

Michel Pralong
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Michel Pralong
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DR/LMS
46cm / 84cm = 0,54

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66cm / 102cm = 0,64

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Axelle/Bauer-Griffin/Getty Images

La beauté peut-elle se mesurer scientifiquement? Cela fait plus de vingt ans que des chercheurs en sont convaincus. Selon plusieurs d'entre eux, la formule mathématique de la femme parfaite ne fait intervenir ni la grosseur de la poitrine, ni la longueur des jambes. Ce qui fait craquer un homme, c'est un rapport bien précis entre le tour de taille et celui des hanches: 0,7. Soit une taille qui fait les sept dixièmes des hanches. En 2013, un anthropologue néo-zélandais a même avancé une explication scientifique: le cerveau masculin associerait ces proportions à une femme en bonne santé et capable de lui assurer une descendance saine. Ce n'est donc pas une question de goût mais un réflexe de survie de l'espèce.

Une équipe dirigée par un chirurgien esthétique munichois a voulu en avoir le cœur net. Pour qu'aucun autre critère que ce rapport taille-hanches n'influe sur les personnes interrogées, on leur a soumis huit photos d'une même femme, mais dont on a numériquement agrandi ou rétréci les fesses pour correspondre à des ratios allant de 0,68 (les plus grosses) à 0,75 (les plus petites). La silhouette qui a recueilli le plus de suffrages? Encore une fois la 0,7, avec 37% des votants, suivie par les deux modèles les plus proches, la 0,71 (21%) et la 0,69 (19%).

L'une des particularités de cette étude, publiée dans le journal de la société des plasticiens américains, est d'avoir fait participer de nombreux chirurgiens esthétiques. Qui ont aussi choisi majoritairement ce type de silhouette. Les canons de la beauté correspondraient donc à une sorte de consentement tacite.

Les tenants de cette théorie apportent souvent comme preuve le fait que les plus célèbres des beautés ont toutes un ratio proche de 0,7 (une étude a même calculé que les pin-up de la double page de Playboy font 0,68 en moyenne). Mais d'autres voient dans ce type de postulat une démarche sexiste de plus. Et ils en prennent l'exact contre-pied. C'est parce que les médias et la publicité mettent en avant un certain type de femmes que le public y voit le modèle de beauté idéale et non l'inverse.

Pour Pierre Quinodoz, chirurgien plastique genevois, l'équation de la silhouette parfaite est artificielle. «Cela arrange certains plasticiens de pouvoir s'appuyer sur un soi-disant modèle en or. Alors qu'il est évident que les canons de beauté divergent selon les cultures et les époques. Moi, je n'utilise cette soi-disant norme de 0,7 qu'auprès de patientes particulières, comme les mannequins. Elles connaissent leurs mensurations par cœur et y voient parfois des défauts qu'elles veulent corriger. Je tente de les en dissuader en leur disant que leur corps répond déjà à la beauté idéale.»

Une invention de chirurgien

Si l'étude munichoise montre que ce ratio de 0,7 est jugé attrayant par un large éventail de personnes, elle conclut tout de même qu'il n'est pas applicable universellement. Les résultats montrent que la perception esthétique est influencée par des facteurs ethniques, géographiques et culturels. Et il faudrait, à l'avenir, analyser si, en augmentant le postérieur de nombreuses femmes, les chirurgiens n'ont pas contribué à façonner un certain modèle de beauté.

«Oui, ce type d'opérations est en augmentation, confirme Pierre Quinodoz. Mais, en chirurgie plastique, il n'y a rien de pire que de se référer à des proportions prétendument idéales. L'essentiel, et l'étude le souligne aussi, c'est de trouver une solution qui soit harmonieuse tant aux yeux de la patiente qu'à ceux du médecin.»

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