Crise de la detteLa situation économique s'est dégradée en Grèce
Athènes a demandé avec insistance à ses créanciers de lui verser de l'argent en échange des récents progrès accomplis dans les négociations, assurant qu'il «n'y a plus de liquidités dans l'économie grecque».

Le gouvernement grec est dirigé depuis fin janvier par la gauche radicale du premier ministre Alexis Tsipras.
La situation économique s'est fortement dégradée en Grèce depuis le début de l'année, avec la plupart des voyants au rouge (croissance, déficits, dette et inflation), selon les prévisions économiques de la Commission européenne publiées ce mardi 5 mai.
La croissance grecque devrait s'élever à seulement 0,5% cette année, en net recul par rapport aux dernières prévisions de février, où la Commission européenne tablait sur +2,5%.
«Compte tenu d'incertitudes persistantes, cette révision à la baisse a été inévitable», a commenté Pierre Moscovici, le commissaire en charge des Affaires économiques, lors d'une conférence de presse.
Fort degré d'incertitudes
«Cette prévision a été faite en se fondant sur l'hypothèse que la revue en cours» des finances publiques de la Grèce par ses créanciers «sera conclue en juin», a-t-il ajouté. «Cela va sans dire que ces projections sont sujettes à un fort degré d'incertitude».
Le gouvernement grec, dirigé depuis fin janvier par la gauche radicale du premier ministre Alexis Tsipras, table sur une croissance de 2,9% cette année. Mais l'économie grecque, qui s'était redressée en milieu d'année dernière, s'est contractée de nouveau fin 2014.
«L'élan positif a été brisé par les incertitudes depuis l'annonce d'élections anticipées en décembre», souligne la Commission européenne, pour qui «l'absence actuelle de clarté» sur la politique du gouvernement vis-à-vis de ses créanciers (UE et FMI) «fait empirer la situation».
Si la croissance devrait être soutenue cette année par la consommation, le tourisme et l'industrie maritime, l'investissement est à la peine, dans un climat de dégradation de la confiance, détaille l'exécutif européen.
Déflation prévue
La situation se dégrade aussi sur le front des finances publiques: la Commission européenne prévoit un déficit de 2,1% cette année, puis de 2,2% en 2016. Il y a à peine trois mois, elle tablait sur un excédent de 1,1%, puis de 1,6%.
La dette grecque, déjà la plus élevée de la zone euro, devrait elle aussi exploser pour atteindre 180,2% cette année, avant de légèrement refluer à 173,5% en 2016. En février, la Commission européenne prévoyait une dette à 170,2% en 2015 et 159,2% l'an prochain.
La Grèce devrait aussi être en déflation cette année, avec une baisse de 1,5% des prix à la consommation, avant de repasser en territoire positif en 2016 (+0,8%). C'est le pays de la zone euro le plus touché en 2015 par ce phénomène marqué par une baisse durable des prix et des salaires qui pèse sur la reprise économique.
L'inquiétude s'est emparée de certains secteurs d'activité en Grèce en raison des difficultés importantes entre Athènes et ses créanciers qui négocient de nouvelles réformes en échange du versement d'une dernière tranche d'aide financière de 7,2 milliards d'euros.
200 millions d'euros à rembourser
Athènes a demandé lundi avec insistance à ses créanciers de lui verser de l'argent en échange des récents progrès accomplis dans les négociations, assurant qu'il «n'y a plus de liquidités dans l'économie grecque».
«Les progrès enregistrés doivent constituer un passeport pour l'assouplissement du financement de l'économie grecque», a estimé lundi Gabriel Sakellaridis, le porte-parole du premier ministre Alexis Tsipras, à quelques jours d'une réunion des ministres des Finances de la zone euro à Bruxelles. Athènes doit en outre rembourser 200 millions d'euros au FMI mercredi.