La «soeur aînée» de La Joconde dévoilée à Genève
La Fondation Mona Lisa a dévoilé au monde jeudi ce qu'elle présente comme une première version de La Joconde. Mais son authenticité est fortement mise en doute.

Une version antérieure et controversée de la célèbre Joconde de Leonard de Vinci a été présentée jeudi à Genève par la Mona Lisa Foundation, au cours d'une conférence de presse organisée dans un palace de la ville. Plus d'une centaine de journalistes étaient présents pour l'occasion.
Le tableau a été gardé pendant près une quarantaine d'années dans un coffre en Suisse. Il représente une "Mona Lisa" plus jeune que celle accrochée au Musée du Louvre. Selon la Fondation suisse, dont le siège est à Zurich, il a été peint 10 ans avant la Joconde par Leonard de Vinci, et représente la même femme, mais avec 10 ans de moins.
A l'appui de ses dires, la Fondation indique avoir rassemblé les "preuves historiques, comparatives et scientifiques qui démontrent qu'il y a toujours eu deux portraits de la Mona Lisa par Leonard de Vinci, 'la version antérieure' et 'La Joconde'".
La Fondation a publié le même jour un livre de 320 pages, intitulé "Mona Lisa, la version antérieure", qui rassemble les preuves, selon ses auteurs, démontrant que cette version antérieure a bien été peinte par le Maître.
Authenticité remise en doute
Cependant, un expert du peintre, Martin Kemp, professeur à l'université d'Oxford, a estimé dans un courrier électronique à l'AP que rien ne permettait «de penser qu'il y ait eu une version antérieure du portrait de Lisa del Giocondo». L'analyse scientifique ne permet pas non plus de nier catégoriquement que la peinture soit l'oeuvre du maître mais «la réflectographie et les rayons X suggèrent très fortement que ce n'est pas l'oeuvre de Léonard de Vinci».
La «Mona Lisa d'Isleworth» trahit des détails subtils de l'original, comme le voile, la chevelure, le voile translucide de la robe, la structure des mains..., écrit encore Martin Kemp. Le paysage ne possède aucune subtilité atmosphérique. La tête, comme toutes les autres copies, ne capture pas le caractère profondément insaisissable de l'original.»
Propriétaires anonymes
Le tableau appartient aujourd'hui à un consortium international, dont les membres veulent rester anonymes, et présidé par David Feldman, un commissaire priseur. Ce consortium a acheté le tableau en 2003 aux héritiers d'Elisabeth Meyer, la compagne du collectionneur d'art Henry Pulitzer, lointain cousin de Joseph Pulitzer, créateur du prix éponyme.
Henry Pulitzer a acheté le tableau en 1962, après avoir vendu de nombreux biens mobiliers et immobiliers pour se l'offrir. Après l'avoir acheté, il l'a déposé dans un lieu sûr, un coffre-fort en Suisse. A sa mort, en 1979, il a légué le tableau à sa compagne Elisabeth Meyer. Le consortium l'a acquis en 2008 après la mort de cette dernière.