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Droits de l'hommeLa Suisse appelée à mieux lutter contre le racisme

La Suisse doit mieux lutter contre les manifestations de racisme et de xénophobie. Une lettre en ce sens a été envoyée au Conseil fédéral.

Thomas Hammerberg

Thomas Hammerberg

Keystone

Les manifestations de racisme et de xénophobie semblent gagner du terrain en Suisse.

C'est le constat du Commissaire aux droits de l'homme du Conseil de l'Europe Thomas Hammarberg dans une lettre adressée mercredi au Conseil fédéral.

Thomas Hammarberg avait déjà exhorté la Suisse à faire des efforts supplémentaires dans sa lutte contre la discrimination lors d'une visite en février. Le Commissaire précise ses observations et recommandations dans un rapport en 24 points envoyé au ministre des affaires étrangères Didier Burkhalter.

«L'utilisation de slogans agressifs et insultants envers les étrangers lors de campagnes politiques est une tendance très préoccupante», a-t-il écrit, expliquant que la liberté d'expression n'est pas absolue.

Thomas Hammarberg préconise également une réforme du droit pénal, afin que la publication de déclarations xénophobes et racistes puisse être punie. Dans un cadre plus général, il suggère de développer une loi anti-discrimination et de mettre en place un médiateur pour les droits de l'homme dans chaque canton, mais aussi au niveau fédéral.

Didier Burkhalter répond

Les dirigeants politiques suisses ont à cet égard une responsabilité considérable et ce à tous les échelons de l'Etat fédéral. Ils doivent adopter «une attitude énergique et proactive face à toute manifestation de racisme et d'intolérance, la condamnant publiquement sans délai», insiste l'ancien ambassadeur de Suède pour les affaires humanitaires.

Dans sa réponse, Didier Burkhalter a rappelé que le Conseil fédéral était «fermement opposé à toute forme de racisme et d'intolérance» et qu'il prenait aussi publiquement position quand la situation l'exigeait. Le gouvernement est en revanche «soucieux de ne pas entraver excessivement le débat démocratique».

Didier Burkhalter a aussi évoqué la structure fédérale de la Suisse, soulignant néanmoins la volonté du gouvernement de coordonner et vérifier les actions entre les communes et cantons sur les questions de migration, d'intégration et de naturalisation.

Progrès en matière de parité

Le commissaire a également réitéré son inquiétude face à certaines initiatives, comme celle portant sur l'interdiction des minarets ou encore celle pour le renvoi des étrangers criminels. Ces textes posent des problèmes de compatibilité avec les normes relatives aux droits de l'homme, selon Thomas Hammarberg.

Celui-ci a toutefois loué l'intention du Conseil fédéral et du Parlement de rendre les initiatives populaires compatibles avec les exigences internationales.

En matière de parité, le commissaire félicite la Suisse et parle de «progrès notables concernant l'égalité entre les femmes et les hommes, ainsi que dans la lutte contre la violence à l'égard des femmes».

Le mandat de six ans de Thomas Hammarberg prend fin la semaine prochaine. L'assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe a élu mardi soir à Strasbourg le Letton Nils Muiznieks pour lui succéder.

(ats)

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